Il est gênant le troisième homme de la parabole, non seulement c'est celui qui en a eu le moins, mais il nous parle d’un maître implacable. Il est gênant parce qu'il nous renvoie à d'autres paroles dures de l'Evangile. Mais il nous fait entrer plus avant dans la réalité. Cet homme nous est présenté comme quelqu'un qui savait, quelqu'un qui a des apriori, qui a un savoir préalable, il a des idées avant : il savait la dureté de son maître. Ce qu'il a dans la tête est le contraire de ce que la parabole vient de nous décrire avec les deux premiers. Et pourquoi trouve-t-il son maître dur? Parce que pour lui la vie c'est du donnant/donnant, c'est "chacun pour soi et Dieu pour tous", c'est "lui, c'est lui", et "moi c'est moi", c'est "mon crayon est à moi et je ne le prête pas", c'est "tous des profiteurs", c'est "ils n'ont qu'à travailler !".
Il lui est impossible de vivre à partir du don, il pense en terme de propriétaire. Il lui semble impensable d'envisager sa vie comme une responsabilité, c'est à dire comme une réponse à un appel ; il ne veut pas avoir à rendre des comptes puisqu'il se vit comme le propriétaire de sa vie. Finalement il vit dans la peur d'être dépossédé de lui-même. Et la peur est la pire des choses, la peur est le contraire de la bonté. Elle met en doute la bonté fondamentale de Dieu. Elle est l'étouffoir le plus sûr de la vie. Elle dénature la réalité, elle ne fait voir que l'aspect difficile, ingrat, laborieux de l'existence. Elle cache la bonté fondamentale de toute créature et du Créateur. La peur est un poison violent qui obscurcit le regard et renvoie aux ténèbres. La peur rend fainéant, paresseux, inefficace, bon à rien. La fin si dure de la parabole est comme un antidote, comme un avertissement pour alerter notre sens de la responsabilité pour être responsable de notre vie, pour avoir une vie en réponse.
Jean ROUET
samedi 12 novembre 2011
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