mercredi 1 février 2012
Entre dans la joie !
« Entre dans la joie ! » Cette invitation du maître vient en nos cœurs comme la prière qu’il est juste et bon de prononcer en ce jour. Elle nous permet de vivre ce passage dans la mort au terme de cette belle vie fructueuse comme le passage de la mort à la vie puisque en ces jours se révèlent à nos yeux les bontés de Dieu dans l’existence de Pierre Grenié, dit Peio par les proches. Le père Grenié c’est le sens de la famille, c’est un regard, c’est un compagnonnage.
« Je remercie le Seigneur pour mon père et ma mère dont la tendresse est à l’origine de ma joie de tous les jours, pour ma sœur lumière de ma vie, pour les foyers de mes frères, pour l’amitié affectueuse de mes neveux et nièces. La famille a été pour moi le lieu de mon épanouissement ; ma famille au sens le plus plein car je pense à ces innombrables cousins dont certains ont été si proches… » Écrit-il dans son testament spirituel à Belloc le 27 aout 1976 à l‘issu d’une retraite spirituelle. Comment mieux dire cette dimension qui le rendait si famille, si familier à beaucoup ? Beaucoup croyaient qu’il était totalement basque mais il est né à Bordeaux et baptisé dans cette même basilique où, en ce jour, nous prions pour qu’il entre dans la plénitude du Christ. Educateur et professeur, il dut s’occuper de plusieurs séminaires et, à Saint Maurice comme à Saint Louis de Gonzague, c’est de cet esprit familial qu’il imprégna ses maisons. Les relations fidèles, de longues années après, disent l’empreinte laissée. C’est bien aussi de cet esprit qu’il nous régalait à la table de l’évêque, vendredi après vendredi jusqu’en 2010 avant celle de « Ma Maison ».
Oui, il s’est bien occupé de sa maison et des maisons qui lui ont été confiées : entre dans la joie de la maison du Père !
En comparant la photo de son visage alors qu’il avait environ trente-cinq ans et celle prise lors de son arrivé à « Ma maison », vous remarquerez que la seule chose qui n’a pas bougé c’est le regard. Nous y retrouvons le sourire, la malice, la bienveillance. Tout le reste de sa physionomie est marquée par l’histoire mais ces qualités premières restent bien présentes. Doué d’une prodigieuse mémoire et d’une observation intelligente et précise des événements, il pouvait être redoutable mais son humour et sa volonté de bienveillance adoucissaient ses traits. La manière dont il demande pardon dans son testament manifeste bien sa clairvoyance et sa bonté : « Je demande pardon à ceux que j’ai déçus ou qui ont eu l’impression d’être jugés... et, plus loin… je demande pardon pour ne pas avoir servi l’Eglise avec un cœur suffisamment désintéressé, trop préoccupé de ma réputation et parfois satisfait d’exercer un pourvoir. » Accueillons une fois encore ce regard si personnel à chacun et qui nous parle aujourd’hui du pardon de Dieu sur nos pauvres vies. Il accompli encore son ministère de prêtre, désiré à 11 ans au jour de la confirmation reçue des mains de Mgr Matthieu évêque de Dax. « L’ordination sacerdotale a comblé ma vie - écrit-il en 1976 - puisqu’elle m’a marqué pour le ministère qui depuis 30 ans est toute ma raison d’être. » Oui, il a donné et reçu le pardon, oui il a été le serviteur du regard miséricordieux de notre maître : entre dans la joie qui est au cœur de Dieu.
Dans la vie de Saint Paul le livre des Actes des Apôtres nous dit « qu’Épaphras lui était un compagnon bien-aimé. » Ce titre de compagnon est bien représentatif de ce que le P. Grenié a vécu avec Mgr Maziers et Mgr Eyt. Il emploie lui-même ce mot dans son testament écrivant : « Je remercie tous ceux qui m’ont aidé et qui ont été de vrais compagnons. » et cette mention, revient à deux reprises dans des termes similaires et dans la même page lui si soucieux de bien écrire, correcteur infatigable de l’Aquitaine. Dans notre mémoire, dans les actes majeurs de notre vie diocésaine, depuis les années 1970, il est associé à l’évêque. Il fut un compagnon amical avec le P. Maziers, il fut un compagnon fraternel et paternel avec le P. Eyt, le veillant, le soutenant jusqu’à la fin. Il était le seul à avoir acquis le diplôme de déchiffreur de l’écriture du P. Maziers. Sa discrétion absolue, ses longues veilles, son sens de l’à-propos lui ont permis ainsi de servir l’Eglise « que j’ai aimé de tout mon cœur », écrit-il. « Je rends grâce pour l’amitié confiante, fraternelle de mon évêque et de son auxiliaire. Ils m’ont associé au travail du conseil épiscopal et, depuis 3 ans, à leur prière quotidienne et à leur table… j’ai conscience de n’avoir pas mérité cette confiance et d’avoir très rarement servi à quelque chose. Je prie pour que l’Esprit du Seigneur leur permette d’accomplir le ministère de communion qui leur a été confié ; je prie aussi pour que les prêtres de Bordeaux prennent conscience de quel amour ils sont aimés ».Dans son ministère auprès de l’évêque, la célébration de la confirmation lui donnait la joie de la rencontre des jeunes, d’échanges personnel avec eux et certains évoquent encore ces rencontres. Compagnon de l’apôtre tel fut donc l’essentiel des charges qu’il a accomplies, mais cette qualité lui a donné beaucoup de compagnon et d’amis, les messages reçus, votre présence en disent l’envergure.
Oui, il a marché avec l’Eglise de son temps, il a donné sa vie pour elle : entre dans la joie de la de la Jérusalem d’en haut.
Finalement c’est sa dernière homélie et je le laisse finir de nous conduire à Dieu : « Tu m’appelleras Seigneur quand tu le voudras… Aujourd’hui, d’un cœur libéré, je te donne ma vie : pour mon évêque et son frère dans l’épiscopat, pour tous les prêtres et les séminaristes, pour l’Eglise qui est à Bordeaux, pour ma famille. » Amen
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