Tendez vos mains ! Ouvrez-les en grand ! L’enfant peut y tenir emmailloté de langes. Ainsi Dieu tient au creux de vos mains. C’est à ne pas y croire ! On dirait un conte de Noël, une de ces merveilleuses histoires que l’on aime se raconter une fois par an avec les enfants autour de soi et le maximum des siens.
C’est une telle joie de tenir un enfant dans ses mains ! Un papa, l’autre jour, en était lumineux : il avait tant craint avant la naissance que lorsqu’il a tenu le fruit de son amour sans aucune difficulté, il était resplendissant d’être si naturellement le père.
C’est étonnant qu’il y ait une telle concentration d’espérance et de crainte, d’avenir et d’incertitude : tout est ouvert et tout est risqué, tout est espéré et tout est ignoré. La seule certitude est celle de l’amour qui envahit si fortement et si tendrement à la fois. C’est tellement vrai que nous sommes dans l’horreur quand ce petit être n’est pas désiré ou bien même quand il vient déranger nos égoïsmes bien installés. C’est une telle souffrance quand il ne vient pas ou un tel effroi quand il meurt subitement ouvrant à tout jamais un abîme de tristesse.
Dieu a besoin de nos mains pour y reposer à ses risques et périls. Pour en mesurer la portée, rappelez-vous tout ce que vous avez fait, touché, travaillé avec vos mains, et l’une et l’autre, ces dernières vingt quatre heures : une main ouverte ou fermée, une main propre ou sale, une main crispée ou tendue, une main qui déblaie ou qui emprisonne, une main qui caresse ou qui gifle. Telle est ma main, votre main !
Quelles mains ont aidé le Créateur du monde à venir chez les siens ? Au creux de la main de Marie, de Joseph, l’enfant est accueilli et Dieu a enfin une place à lui, pleinement à lui dans l’univers des hommes. Maintenant, donnez-vous la main ! Donnons-nous la main , où Dieu se blottit dans le creux de nos mains et doucement, tendrement, juste ou faux peu importe, chantons, reprenons le chant des anges qui sourient de nous voir à nouveau naïfs et simplement fraternels puisque l’enfant joint nos mains. Doucement : « Gloria in excelsis Deo ».
Tout cela se passe en Bethléem, ce nom de ville qui signifie la maison du pain ; et tout se passe dans les lieux où nous rompons le pain. De la crèche à la cène il y a le lien de nos mains qui accueillent en chaque eucharistie le même Christ et Seigneur, l’enfant, prince de la paix, merveilleux conseiller, fruit de l’amour invincible du Seigneur de l’univers. Nos mains à l’heure de la communion vont se tendre et s’ouvrir pour qu’il y soit déposer le Seigneur notre Dieu, le Fils tant aimé de Marie et Joseph, Celui qui se fait nourriture puisqu’il est né dans une mangeoire.
Pour manger, d’ailleurs, on ne s'en prive pas ces jours-ci, au moins pour la plupart d’entre nous. C’est heureux de rompre le pain en famille, avec les amis pour un temps de paix et de simplicité et c’est heureux de manger de bonnes choses qui déploient la convivialité et la grâce d’être ensemble ; c’est tellement dur quand ce n’est pas possible, c’est tellement dur qu’il ne faut pas en rajouter en cherchant des coupables, il vaut mieux mettre toute son énergie à faire baisser le nombre de ceux qui n’auront pas de table familiale, amicale, chaleureuse.
La mangeoire devient autel et commence l’offrande de Dieu, le don absolu qui ébranle l’histoire et l’ouvre à l’éternité.
Un enfant et du pain, tout cela en nos mains, c’est trop simple, me direz-vous ! Vous nous prenez par la tendresse, c’est trop facile ! Frères humains, croyez-moi, c’est cela le vrai réel, le réel dans sa vérité tel qu’il apparaît en Dieu. Tout le reste est superposition d’objets et de calculs, de soucis et de tensions où nous sommes au centre comme si c’était nous au creux de nos propres mains.
Je suis sur que vous êtes comme moi fatigué des calculs en tous genres, des contournements, des mesquineries – les miennes et les vôtres – des coups médiatiques où l’on joue sur les images sans aucune profondeur sinon dans le seul but de faire parler de soi. Faites comme Dieu : donner votre présence réelle au creux de vos tendresses et de vos affections ; offrez réellement votre sourire, du temps perdu, un petit signe qui renvoie à la réalité de votre amitié, de votre ouverture, de votre souci.
L’enfant de la crèche au creux de la mangeoire nous dit la présence éternelle de Dieu dans l’histoire.
Le pain de nos eucharisties aux creux de nos mains dépose l’amour infini de notre Dieu au profond de nos histoires.
Donnez votre présence réellement ; ne vous cachez pas derrière le miroir, n’ayez pas peur des rides, des bleus, des défauts de cuirasse ; ce qui est attendu c’est vous et vous, réellement, simplement. Soyez votre meilleur cadeau. Dieu n’en a pas d’autre que Lui et le voilà au creux de votre être offert comme une nourriture qui console et réconforte. Alors doucement, les yeux fermés pour mieux voir sa présence réelle en nos coeurs, chantons : « Gloria in excelsis Deo ».
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