jeudi 9 avril 2009

"Et par amour du Père, il eut sa mort humaine !"


C'est ainsi que Charles Péguy commente la mort de Jésus après avoir longuement contemplé son chemin de passion.

Sur les routes du monde, dans les hôpitaux de nos villes, la mort des hommes, des femmes, des enfants poursuit son œuvre dévastatrice ! Des hommes, des femmes en rajoutent, même des enfants dans certains régions de notre monde sont requis, éduqués pour en rajouter à la mort comme si elle n'était pas assez puissante par elle même pour mener le bal.

Que nous révèle la mort humaine de Jésus sur notre propre mort ? Elle est bien une condamnation quelle que soit sa forme ! Condamnés à mort tel est notre destin inéluctable. Par  vieillesse, par maladie, par violence nous en sommes sûrs ! Et nos révoltes dans la maladie, contre toutes violences, dans l'angoisse de nos vieux jours sont fortes de cette certitude. Les Evangiles synoptiques évoquent avec délicatesse mais avec soin cette part toute humaine de la mort de Jésus : son angoisse et sa sueur de sang au jardin des Oliviers, son cri et sa question au Père comme s'il était abandonné de lui, seul livré à la mort et aux bourreaux ! Voilà pourquoi sur le visage de Jésus de Nazareth se réfléchit chaque homme dans sa mort et aujourd'hui encore en suivant le crucifié, l'abandonné, nous voyons toute l'humanité. "Voici l'homme !" dit Pilate ; "Voici les multitudes !" nous invite à dire le prophète Isaïe.

Que nous révèle la manière humaine de Jésus de vivre sa mort  sur lui-même ? L'apôtre saint Jean nous propose à chaque station, à chaque pas, une capacité sans cesse renouvelée de vivre cet instant dans la plénitude de la liberté et de l'amour. Dés l'arrestation il dit "c'est moi" reprenant pour s'affirmer les mots que la Bible met dans la bouche de Dieu lorsque qu'il se révèle à Moïse dans le désert : "Je suis". C'est lui qui conduit les événements : il arrête la violence de Pierre, il mène l'interrogatoire chez Pilate, il donne à Marie un nouveau fils et concluant ce chemin il déclare : "Tout est accompli". Un homme dans sa mort libre, totalement libre. Une liberté telle que "le centurion, voyant comment il était mort, déclara : vraiment cet homme était le fils de Dieu".

Aujourd'hui, dans le sacrement de l'Eglise, jaillit sa vie, l'eau et le sang, l'Esprit qu'il remet comme un héritage. Aujourd'hui nous sommes ses héritiers, aujourd'hui nous recevons de sa mort une liberté libérée, une capacité de don rachetée, une paix qui adoucit nos violences. Aujourd'hui héritiers pour être messagers :"Celui qui a vu rend témoignage afin que vous croyez vous aussi."

Aucun commentaire: