En lisant l’Evangile de ce jour je ne peux pas m’empêcher de penser au sort que subissent les chrétiens en Irak mais aussi en Egypte, au Yémen ou encore au Pakistan. Ce dimanche, les catholiques de Bagdad entendent comme nous ces paroles de Jésus : « On portera la main sur vous et on vous persécutera. Vous serez détestés de tous à cause de mon Nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ». Cette « prophétie » semble, hélas, tellement actuelle ! En bien des pays aujourd’hui, les chrétiens se retrouvent en situation de persécution et je me demande comment les familles des victimes de Bagdad entendent cette parole.
La réaction légitime serait de se défendre par les armes ou tout au moins par la haine. Comment pourrait-on en vouloir à ceux qui ont perdu un enfant, un parent, un ami dans ces attentats d’éprouver une haine farouche envers les musulmans ? Pourtant la réaction des évêques d’Irak est toute autre. Ils en appellent encore et toujours au dialogue et à la fraternité avec les musulmans ; au refus de toute violence.
Mgr Casmoussa, archevêque syrien-catholique de Mossoul, disait le lendemain de l’attentat contre la cathédrale de Bagdad: « Nous ne voulons pas que la rancune remplace l’amour. Jamais ! C’est cela notre force, même si certains la considèrent comme une faiblesse. » Cette « faiblesse » est la force de l’Evangile. La force bien plus forte que la violence des puissants. Nos frères chrétiens d’Irak sont, en ce moment, en train de nous montrer ce que signifie suivre le chemin de Jésus-Christ.
Chez nous en France, il peut nous arriver d’éprouver de la peur ou de la haine envers des populations que nous estimerions hostiles. Alors laissons-nous enseigner par l’exemple de nos frères du Moyen-Orient. Sans naïveté mais sans ressentiment. Simplement dans l’assurance que l’Evangile nous commande d’aimer tout homme ; dans l’assurance que c’est précisément dans cet amour inconditionnel que se joue notre fidélité au Christ ; que c’est de cette manière-là que nous annoncerons au monde l’Evangile du Christ et que toute autre attitude serait un contre-témoignage.
Celles et ceux qui parviennent à vivre une telle fidélité au Christ peuvent entendre en vérité cette promesse de Jésus alors même que leurs familles sont décimées : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ». .
Nos frères d’Irak sont un membre souffrant de l’Eglise et, dans la communion des saints, nous souffrons avec eux. Mais leur espérance est un témoignage pour nous tous ; ils nous apprennent à croire que seul le chemin de l’Evangile conduit à la Vie. « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».
P. Pierre-Alain LEJEUNE
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