samedi 11 décembre 2010

L'attraction terrestre


                Je me souviens, enfant - en apprenant que la terre était ronde -  avoir eu du mal à comprendre comment les autres, de l’autre côté, arrivaient à tenir sur la terre la tête en bas, et à ne pas tomber dans le vide. Ne riez pas ! Vous avez tous eu les mêmes questions d’enfant.

                Depuis, j’ai appris comme vous que nous tenons sur la terre grâce à l’attraction qu’elle exerce sur nous. Or il me semble que cette loi de la physique illustre cette dimension essentielle de notre foi que nous nous apprêtons à célébrer : l’incarnation de Dieu.

                De tout temps, l’homme est attiré par le ciel et il pressent que son destin est plus grand que sa seule vie terrestre. Cela est vrai de toutes les religions. Mais toute quête de Dieu peut présenter le risque et la tentation d’une fuite du monde. Et l’on risque alors littéralement de tomber dans le vide !

                Nous chrétiens, nous confessons un Dieu qui a voulu visiter l’homme dans son monde, à travers une existence  terrestre semblable à la nôtre. Un Dieu qui a choisi de se révéler à nous dans notre forme et en prenant notre langage. Un Dieu qui a posé le pied sur notre terre.

                Dès lors, depuis Jésus, nous croyons qu’il n’est pas possible de trouver Dieu en fuyant ce monde. Si Dieu a voulu vivre cette vie d’homme qui est la mienne, c’est donc que cette vie doit être bonne à vivre. S’il a voulu partager l’existence humaine, c’est donc qu’elle vaut la peine d’être vécue. S’il a voulu se dire et se donner dans la fragilité de l’enfant, c’est que cette fragilité a quelque chose d’essentiel à m’apprendre sur Dieu et sur moi.

                Bien sûr, le cœur de l’homme doit rester ouvert vers le haut, vers au-delà de lui, vers Dieu. Mais le Dieu dont nous parlons, celui auquel nous croyons ne nous invite pas à fuir notre terre car c’est dans notre condition humaine, et pas ailleurs, que se joue notre salut. Il nous veut pour ainsi dire, ta tête dans le ciel mais les pieds sur la terre.

                A l’image de ce qui se passe pour les mages d’Orient, quand l’homme risque de se perdre le nez dans les étoiles, Dieu se fait enfant pour abaisser son regard vers un berceau. Que la naissance de Jésus exerce sur nous cette attraction. Vers cette vie qui est belle. Vers cette terre à aimer. Que la naissance du Sauveur nous aide à tenir sur la terre sans que notre quête de Dieu ne se perde dans le vide. Sans que notre amour de Dieu nous égare loin de nos frères. Notre Sauveur vient dans notre chair. Notre rédemption passe par l’incarnation.

P. Pierre Alain LEJEUNE

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