mercredi 16 janvier 2013

Le malentendu de Cana !


             Dans cette histoire, nous entendons le contraire de ce qui nous voyons, nous entendons un refus et nous voyons une acceptation. Nous entendons une parole de remise à sa place et nous voyons quelqu’un qui donne des ordres : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Nous avons du mal à entendre la cohérence entre les paroles et les actes ; il y a un malentendu !
             Marie est de la noce, Marie participe à la joie de ces familles qui voient leurs enfants devenir famille à leur tour pour la croissance de l’humanité. « Ils n’ont plus de vin », son regard a perçu la faille ! Marie nomme ce qui manque pour que la noce soit pleinement réussie. Si Jésus n’intervient pas, ça tombe à l’eau. Et une noce qui tombe à l’eau nous savons tous les dégâts que cela fait.
Jésus est de cette noce qui peut rater. Étonnante complicité de la mère et du fils : là où nous entendons une réponse vive, une remontrance, nous sommes invités à entendre une compréhension entre la mère et le fils. « Femme que me veux-tu ? » ne veut pas dire « Laisse moi tranquille » ou « de quoi te mêles-tu ? » mais bien plus : « Femme, Ève  la mère des vivants, celle qui engendre le nouveau peuple qui fera la joie de son Dieu, que veux-tu que je fasse pour toi ? » On entend autre chose que ce qui est dit , on entend mal, on s’entend mal, maladie que doivent traverser tous les amoureux de la terre et du ciel : « Je ne te comprends plus » et on se rabroue et « ce n’est pas le moment ». Là où nous entendons : « Ce n’est pas le moment, mon heure n’est pas encore venue », nous sommes invités à entendre : « mon heure, c’est-à-dire l’heure où j’aurai les bras liés au bois de la croix pour donner ma vie, n’est pas encore venue, je peux donc agir, je peux donc entreprendre, je peux commencer à poser les signes de mon amour de l’humanité ». Et Marie comprend cela, et agit en conséquence, et le Christ s’exécute.
Pour bien entendre il faut donc se décentrer et avoir soin de la réussite de tous et pas que de soi ou de sa reconnaissance et de ses satisfactions. C’est la noce toute entière et pas seulement les mariés qu’il faut viser. Pour bien entendre, il faut donc se comprendre à partir de ce que Dieu fait de nous pour les autres. Ce n’est pas : « Qu’est-ce que tu m’apportes ou ne m’apportes plus », c’est davantage : « Qui es-tu pour Dieu, qui es-tu dans le dessein de Dieu, en quoi ensemble pouvons-nous le servir ? »
Dépassement de nos sentiments passagers, de nos rêves d’adolescents, de nos chimères, pour être là, accordés ensemble à ce que Dieu désire, à ce pour quoi il nous unit, ou nous a unis, et qui nous tourne vers le bien et l’amour de tous : les noces de Dieu et de l’humanité !
Jean ROUET


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