"Il fut saisi de pitié pour elle".
Cette rencontre entre Jésus et ce fils unique a quelque chose de tragique. C'est comme s'il voulait éviter à cette femme et à son fils ce que lui-même et sa mère allaient vivre. "Il fut saisi de pitié pour elle". Le cœur du Christ est bouleversé en voyant cette veuve perdre son dernier appui ; il va lui rendre son fils. Le jour de sa propre mort il aura à cœur de laisser un fils à sa propre mère :"Mère voici ton fils". Oui cette scène est bouleversante d'humanité et de compassion. Elle nous révèle trois choses capitales :
- dans le cœur de Dieu, il y a un amour inépuisable pour l'homme ; Dieu est pour la vie, Dieu est contre la mort. Il est le Vivant, lui-même souffre du mal de l’homme,
- pour Dieu l'homme est un être debout et qui parle,
- mais cet acte extraordinaire n'est qu'un signe, qu'une annonce d'une réalité plus merveilleuse ; ce miracle est annonciateur de notre résurrection où Jésus nous relèvera d'entre les morts parce qu'il a été lui-même relevé d'entre les morts par la puissance de son Père des cieux ; il nous rendra les uns les autres, il nous redonnera la parole dans le royaume des cieux. La résurrection est notre vocation!
Une telle scène peut nous émouvoir et nous faire regretter que le Christ ne continue pas à refaire venir à la vie tous les fils de veuve qui meurent sur cette terre. Là est notre condition humaine ; nous avons beau essayer par maints artifices de nous cacher la mort, elle fait partie de ce que nous sommes : des êtres dans le temps avec un commencement et une fin. Le Christ et son Père ont pour nous un projet de salut plus ambitieux : nous sommes appelés à la vie éternelle, à une vie qui ne finit pas après la vie qui finit. Notre ouverture à ce don extraordinaire de Dieu se joue dans notre combat pour que, dans cette vie qui finit, les hommes et les femmes vivent debout, les relations familiales soient rétablies, les êtres puissent avoir la parole et se parler. C'est dans ce travail, où notre cœur à l'image du Christ se laisse toucher par les détresses que s'inaugure la vie de ressuscité.
Encore faut-il que nous nous laissions saisir de pitié.
Jean ROUET
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