Notre Dieu est Père, Fils
et Saint-Esprit. Ce qu’il est en lui-même se révèle à nous à travers ses
œuvres. Croire au Dieu Trinité ce n’est pas se lancer dans de grandes théories.
C’est prendre au sérieux ce que Jésus révèle de l’être de Dieu à travers ses
gestes et ses paroles.
L’histoire de la foi chrétienne en la Trinité est
traversée par deux déviances. Faire de la Trinité une triade c'est-à-dire une
croyance en trois dieux bien distincts ou de faire du Père, du Fils ou du Saint
Esprit des modalités apparentes. La foi des disciples du Christ puisse dans ses
paroles et dans son attitude, parole d’unité totale, attitude de dépendance
radicale.
C’est dans sa manière de mourir que la révélation est
la plus éclatante. Le centurion en témoigne. Sa prière crie son abandon à son
Père. Sa vie, il l’a reçue du Père et il la redonne au Père. Il est fils de
toujours à toujours, de part en part.
Même quand l’angoisse l’étreint il plonge dans la confiance.
Le Père ne cesse jamais d’être Père c’est à dire
source de vie, origine, jaillissement. Même la mort n’est pas un obstacle et
dans la résurrection de Jésus son amour éclate et devient vainqueur de tous les
malheurs. A aucun moment il arrête d’être ainsi pour devenir juge qui condamne,
père fouettard, surveillant du moindre manquement.
Il y a entre ce Père et ce fils une communion totale,
une unité parfaite, un amour à leur hauteur commune. L’Esprit qui les unit les
met de plein pied ; l’un parle du fils « en qui il a mis tout son amour »,
l’autre du Père dont « il fait tout ce qui lui plait ». Il n’y a
aucune démonstration rationnelle, il s’agit ici de les croire sur parole.
Croire au Dieu unique Père, Fils et Saint Esprit c’est
regarder notre Dieu comme mystère de relations où chacun est lui-même sans
confusion ni séparation. C’est un Dieu
communion qui veut créer de la communion, qui cherche la communion avec ses
créatures.
Dieu n’est pas solitaire, il est solidaire en
lui-même. Il prend chair de notre chair et devient semblable en tout à chacun.
Dieu n’est pas lointain, il est proche en lui-même. Sa
proximité n’est pas de façade, elle est son être véritable. Il fait de nous sa
demeure.
Dieu n’est pas indifférent, il est totalement
préoccupé de l’autre en lui-même. Il nous pardonne, il nous porte sur ses
épaules, il fait de nous ses amis.
Dieu n’a pas d’ennemis, des gens se considèrent
eux-mêmes comme leur ennemis mais, lui, fait lever son soleil sur les justes
come sur les injustes.
Ainsi en est-il de nous créer à l’image et à la
ressemblance de Dieu. Contempler en Jésus, le Père, le Fils et le Saint Esprit
c’est découvrir notre être véritable : solidaire et non solitaire, proche
et non lointain, préoccupé de l’autre et non indifférent, ami et non ennemis de
quiconque.
Au début du XX siècle, Elisabeth de la Trinité, au
Carmel de Dijon, a su exprimer dans une très belle prière sa foi je vous
propose d’en prier quelques passages maintenant.
O
mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir
en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité. Que
rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de vous... Pacifiez mon
âme, faites-en … votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous
y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma
foi, tout adorante, toute livrée à votre Action créatrice.
O
mon Christ aimé, crucifié par amour… je voudrais vous aimer... jusqu'à en
mourir ! Mais je sens mon impuissance et je vous demande de me
« revêtir de vous-même », d'identifier mon âme à tous les mouvements
de votre âme, de me submerger, de m’envahir...
O
Verbe éternel, …, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les
impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière…
O
Feu consumant, Esprit d'amour, « survenez en moi » afin qu'il se
fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe : que je Lui sois une
humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son Mystère. Et vous, ô
Père, penchez-vous vers votre pauvre petite créature, « couvrez-la de
votre ombre », ne voyez en elle que le « Bien-Aimé en lequel vous
avez mis toutes vos complaisances ».
O
mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds,
je me livre à vous ... Ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en
vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos
grandeurs.
Jean ROUET
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