lundi 4 août 2008

Les doigts de pieds en éventail ? !



« Mon Père travaille sans cesse » dit Jésus, il n’arrête pas de nous aimer et pourtant, au septième jour de création, il prit le temps de goûter que « tout ce qu’il avait fait était très bon ! » et cela une journée entière. Comme le commente le livre de l’Exode 31, 17 : « En six jours, le Seigneur a fait le ciel et la terre mais le septième jour, il a chômé et repris son souffle.» Le jour du repos dans la Bible, le sabbat, est devenu ainsi le signe de l’alliance entre Dieu et son peuple : ce que Dieu a fait, le peuple le fait en mémoire de lui.
Il y a dans ces textes fondamentaux au moins quatre indications précieuses :
Le repos est lié à l’acceptation de la limite : Dieu s’arrête. « Arrête-toi, tu vas t’épuiser ! » Il y a un début et une fin à toute chose.
Le repos c’est se poser pour profiter du travail accompli. On déguste, on se rassasie.
Le repos c’est reprendre souffle. Le rythme de notre respiration est un signe de bonne ou de mauvaise santé. Avec une bonne respiration, on s’oxygène la vie ! On reprend des forces pour aller de l’avant.
Le repos a à voir avec Dieu. D’abord parce que Dieu n’est pas fatiguant et ensuite il n’y a pas plus reposant et détendant qu’être tranquille et paisible avec Celui qui nous aime. Nous éprouvons nos bonnes relations comme des lieux qui nous redonnent du tonus. « C’est reposant d’être avec toi ! » Ainsi en est-il de la proposition d’Alliance de Dieu avec nous.

Il y a des temps, ou des moments de notre vie où nous avons du mal à nous détende.
La surcharge de travail
Elle est liée souvent à la grande exigence de nos lieux de travail et à la course vers toujours plus de rapidité et d’efficacité. Les lois sociales, le dialogue social sont là pour trouver des solutions justes.
Mais quelquefois, c’est nous-même qui nous en mettons trop sur le dos. Nous avons du mal à nous arrêter, à mettre des limites et nous laissons la fatigue nous submerger, sans nous en rendre compte, à moins qu’un des symptômes les plus visibles soit notre irritabilité dans nos relations avec les autres. Mais le travail est un bon prétexte pour obturer en nous tous les passages par lesquels nos peurs et nos angoisses pourraient s’engouffrer. La générosité peut être ici un très grand piège. Il nous faut sûrement écouter nos amis lorsqu’ils nous disent : « tu en fais trop ! »
Il y a des jours où nous arrivons à abattre un travail très grand, nous sommes peut-être fatigué mais c’est une bonne fatigue qu’une bonne nuit de repos va réparer, c’est que nous n’étions pas encombré de nous-mêmes.
Le temps de la retraite peut être aussi un temps de surcharge. On en fait trop entre les sanctuaires et les oratoires, on court comme si Dieu m’attendait toujours ailleurs que là où je suis. « Dieu était là et je ne le savais pas… »

L’excitation
Elle peut prendre bien des formes : nourriture, boissons, ingrédients de toutes sortes, bruits, musique à ne plus s’entendre, le marathon devant la télévision, Internet, j’en passe et des meilleures… Ce sont bien sûr des leurres. Au début, cela peut être fort excitant et nous procurer plaisir et joie mais, au fur et à mesure, on voit ses forces diminuer et cette forme de détente, au lieu de nous permettre de reprendre souffle, de retrouver de l’énergie, cette forme là nous vide : « je suis vidé ».
Mais il y a des fêtes, des danses, des joies partagées, de la cuisine, de bons films ou d’excellents documentaires qui nous font respirer plus large, plus profond, qui nous donnent de goûter à la richesse et à la diversité de la vie. Il y a des fêtes, des moments de détente, où l’on a envie de dire « merci » en sortant et d’autres dont on sort en disant « je suis crevé, je vais dormir pour récupérer, demain je travaille ! »
Dans la v ie spirituelle on peut ainsi chercher aussi de l’extraordinaire, des émotions fortes, du miraculeux et on passe à côté des simples signes de foi, d’espérance et d’amour qui nous sont offerts.

Les préoccupations et les soucis de la vie.
A certains jours, on se sent comme écrasé. Il y a en nous une tension formidable, on est prêt à exploser, on a l’impression d’avoir tout faux, celui sur lequel on comptait n’était pas au rendez-vous, cette tache s’est révélée beaucoup plus complexe que prévu, je me suis fait engueuler par quelqu’un, la photocopieuse était en panne, et en plus la voisine est venue me raconter ses malheurs, comme si je n’avais que ça à faire. Je suis au bord de la crise de nerf ou de l’abattement complet selon mon tempérament. Et je ne vous parle pas de la peur du regard des autres, du jugement, du rejet ou de l’acceptation que je guette fiévreusement. Pour échapper à de telles périodes, je peux chercher l’isolement le plus complet, je ne veux plus voir personne et je me replie sur moi-même au lieu de me déplier. A d’autres moments, c’est plutôt l’étourdissement, l’oubli des soucis, le rejet des préoccupations. J’étais déjà noyé, me voici coulant à pic. Je ressors rarement frais et dispos de telles périodes, bien au contraire, je rajoute des handicaps à mes relatons amicales et professionnelles. J’ai tout pris sur moi comme si tout dépendait de moi. J’ai voulu tout régenter, tout contrôler et ça part de tous les côtés. J’ai un mal fou à laisser faire, à me reposer sur d’autres, à faire appel à des collaborations, à faire confiance à d’autres manières de faire et je suis débordé par les soucis. Au lieu de faire alliance, je m’isole dans ma tour d’ivoire et je suis le plus malheureux des hommes.Dans la vie spirituelle je peux laisser les soucis de moi-même et de mon progrès me dévorer, me mettant à la place de Dieu. Lui seul est le maître intérieur, lui seul donne le souffle de vie au jour de création et de re-création.


Il est donc nécessaire d’avoir de vrais temps de détente.
Qu’est-ce à dire ?
Prendre le temps de goûter ce qui vient : un paysage, une danse, un bouquin, des images. Prendre le temps, c’est ralentir, se poser, faire une pause, tranquillement. Je n’ai que ça à faire : apprécier. Etre pleinement là ! Non pas être sage, mais être totalement présent à ce qui m’est offert.
Prendre le temps pour ce qui est beau : les roses du jardin, une œuvre d’art, ma musique préférée, pas une beauté qui me séduit et me captive, mais une beauté qui me fait du bien.
Donner du temps à mon corps en cherchant le bon rythme : la marche, le sport, la danse. Je respire !
Donner du temps à l’autre pour la visite et pour se laisser visiter : le bonheur d’un bon repas entre amis, où l’on se fait des amis.
Etre créatif : modeler de la terre, écrire, peindre, sculpter, dessiner, inventer des fêtes, jouer avec les enfants, donner de mes nouvelles.
Mettre des limites, c’est se donner le moyen le plus réaliste d’éviter la fuite en avant, et de passer à côté de la vie et de ses richesses seuls chemins vers Dieu.
Profiter du moment présent, c’est déplier son âme, son corps, son être à partir de ce qui m’est donné.
Reprendre souffle, trouver un bon rythme, ce n’est pas seulement avoir une hygiène de vie, c’est se donner les moyens d’être bien dans ses baskets.
Plus je suis à présent à moi-même et aux choses de la vie pendant les temps de détente, simplement, humblement, avec douceur et intérêt, plus je serai présent à Dieu, avec tout moi-même, pendant les temps de prière, Le Seigneur se conjugue toujours au présent : « Je suis », l’éternel présent.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Quel bonheur pour moi de lire ce texte, ce soir, après une bonne journée donnée aux autres : famille, élèves, collègues,rencontres de parents à la sortie du collège, etc...
Cette lecture vient d'être pour moi un bon moment de détente, les doigts de pieds en éventail sous mon bureau !!

Merci