C’est sur cette promesse que Simon se met à la suite de Jésus : « Désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Ailleurs, dans l’Evangile selon St Matthieu, Jésus dira aux disciples qu’il appelle : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Etrange expression ! Elle écorche nos oreilles. Elle semble si mal convenir à notre société éprise de liberté individuelle et de respect de l’opinion de chacun. « Pêcheurs d’hommes », ça fait un peu « chasseurs de têtes », embrigadement, pris dans la nasse.
Mais pour bien comprendre la portée de cette expression, il faut simplement prêter attention à l’image utilisée ici par Jésus. Simon était pêcheur : il tirait les poissons de l’eau. Lorsqu’on retire un poisson de l’eau, il cesse de vivre car on le prive de son milieu naturel. Son lieu de vie, c’est l’eau.
Pour l’homme en revanche, c’est exactement le contraire. L’homme meurt sous l’eau ; il respire enfin lorsqu’il sort la tête de l’eau. Il a besoin du grand air pour vivre. Son lieu de vie, c’est l’air. Pêcher des hommes : cela reviendrait à dire, les tirer vers la vie, les extraire de la mort.
Jésus nous appelle donc à cette tâche immense : devenir pêcheurs d’hommes. Il ne s’agit certainement pas d’enfermer dans les mailles d’un filet - comme si nous devions les rallier à notre cause - le plus grand nombre d’adeptes possible. Mais au-delà de toute question d’appartenance religieuse, il s’agit d’annoncer l’Evangile comme puissance de Vie. L’Evangile n’est pas une question accessoire ; c’est une question de vie ou de mort. Annoncer l’Evangile c’est rejoindre tout homme dans la question ultime de son existence. Tant que nous ne croyons pas réellement cela, alors « évangélisation » rimera toujours plus ou moins avec « recrutement » ou « prosélytisme » ; et cela n’aura pas grand-chose à voir avec ce que proclamait Jésus sur les bords du lac de Galilée.
P. Pierre-Alain LEJEUNE
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