jeudi 4 février 2010

Il allait son chemin


Qu’arrive-t-il au Christ pour être si provocateur ? Tous sont sous le charme de l’enfant du pays en pleine réussite. Et voilà que celui-ci agresse ceux qui s’étonnent du « message de grâce qui sortait de sa bouche ». Dans les réactions de ses compatriotes Jésus perçoit un ressort puissant qui nous relie les uns aux autres et qui nous met en relation de dépendance réciproque. « Puisqu’il a si bien réussi, c’est nous qui réussissons à travers lui, et nous allons cueillir les fruits de sa notoriété.» Les procédures habituelles du clientélisme sont en place. Malheur à celui qui échoue trop vite, il sera aussitôt lâchement abandonné à la vindicte publique : la présomption d’innocence ne fonctionne jamais.
Le Christ prend les devants, il met à jour par ses paroles, le processus d’appropriation en route au cœur des gens de son village : un prophète, un envoyé de Dieu n’est pas un chef de clan, l’enrichisseur de sa tribu, il est en dépendance radicale de celui qui lui donne la parole, le Seigneur Dieu.
Un telle liberté rend furieux : « il ne nous sert à rien !» On le pousse hors de la ville, on exclut l’inutile : « Il n’est plus des nôtres celui qui n’a pas fait sien nos propres intérêts. Mais lui passant au milieu d’eux allait son chemin ».
Regardons le Seigneur Jésus traversant cette foule en furie, faisant ce passage au milieu des cris et la violence, figure d’une liberté totale qui ouvre un chemin, son chemin, on le sent intérieur, on le perçoit en son cœur, rien ne peut le détourner de sa marche de prophète de Dieu, et ce chemin ne deviendra chemin de croix que lorsqu’il sera clair, aux yeux de tous et à ses yeux, que c’est le seul passage pour dire l’amour total de l’autre comme seule liberté. Le Christ se connaît comme il est connu de Dieu. Une telle certitude intérieure est une force qui lui fait affronter toutes les adversités : « Ils te combattront, ils ne pourront rien contre toi ! » dit Dieu au prophète.
Au cœur de la liberté intérieure, il y a cette certitude de foi à priori : je suis voulu par amour de Dieu lui-même de toute éternité et pour l’éternité, je suis désiré de Dieu, force plus forte que notre mort. Un tel désir étonne nos peurs et nos fragilités, une telle avance de Dieu sur nous ouvre un étonnement, une joie humble qui nous met en chemin intérieur
P. Jean ROUET

Aucun commentaire: