vendredi 24 décembre 2010

C'est la fête !


Dans nos rues, dans nos maisons nous essayons de mettre de la beauté partout. A Bethléem la paille fait le décor. C’est la crèche aux animaux, c’est la mangeoire pour les bêtes, c’est un lieu d’exclusion... et la vierge donne naissance à un tout petit. Chacun cherche à qui il ressemble : a-t-il le nez du père, le regard de la mère ? Jésus me ressemble en mes commencements et Dieu est tout entier dans cette image et cette ressemblance.

Où chercherez-vous la beauté de cette fête ? Où mettrez-vous votre beauté ? Dans l’extrême faiblesse ? Dans le dénuement ? Dans l’ignorance ? Car il n’y a rien d’autre à voir. La beauté de cette fête est tout entière dans la vie qui surgit comme un inespéré ! Elle est dans la nudité de Dieu qui s’offre à nos regards d’éternels insatisfaits. Elle est dans les regards de Marie et de Joseph soulagés enfin. C’est une beauté qui dit le don sans condition. Heureusement car rien n’était prêt ! C’est une beauté qui laisse libre. C’est pourquoi il y a si peu de monde : quelques bergers surpris et une foule d’anges. C'est une beauté par-delà l’écorce, l’écorce du clinquant et des paillettes, l’écorce de nos duretés ordinaires, l’écorce de nos maladresses et de nos violences. C'est une beauté des profondeurs, une beauté du dedans, une beauté de l’âme. C’est la beauté de Dieu qui ressemble à l’enfant couché dans une mangeoire. Cette beauté fait œuvre de civilisation puisque c’est d’elle qu’est né le respect inconditionnel de chaque être humain de toujours à toujours. C'est de cette beauté qu’est née l’espérance qui a défatalisé l’histoire.
Vous avez un avenir, il y a une issue à l’histoire des hommes.
Joyeux Noël à tous !

Jean ROUET

dimanche 19 décembre 2010

Joseph et la paternité


L’Evangéliste Matthieu rattache l'origine de Jésus Christ à Joseph. C’est à dire que sa venue s'inscrit dans la lignée d'Abraham et du roi David. En l'adoptant Joseph donnait à Jésus tous ses droits légaux, son être social, ses racines dans le peuple, sa lignée.

La figure de Joseph m’inspire trois choses :

- La première c'est que pour nous sauver Dieu a pris racine dans une lignée précise, sur une terre précise, qu'il a reçu un nom dans la famille humaine. Et par là nous sommes invités à aimer nos racines, notre lignage, notre nom. Notre vitalité dépend en partie de la bonne relation que nous entretenons avec ceux qui nous donnent la vie. Tout être humain a droit à connaître ses racines, nous sommes quelques fois dans nos réflexions plus exigeants sur la tracabilité des produits que sur la reconnaissance du vrai père ou de la vraie mère.

- La seconde est le type d'intervention de Dieu. Joseph, dans le fond, ressemble à Abraham : voilà deux pères qui doivent assumer une naissance inattendue. Voilà deux pères qui ont un fils dont l’avenir engage la multitude. Voilà deux pères qui doivent renoncer à la paternité directe pour laisser faire Dieu. Abraham doit sacrifier son fils, Joseph adopter son fils, et leur fils leur est rendu comme tout entier de Dieu. Joseph et Abraham invitent tous les pères à être ainsi : sans prétention !

- Enfin la troisième chose que nous disent ces textes c'est la profondeur du mystère du Christ : il est né de Dieu, il est tout entier de Marie et de Dieu. Si l’Eglise Catholique depuis l’origine tient autant dans sa foi à la virginité de Marie, à la non intervention de Joseph dans la naissance de Jésus c’est que, depuis la Résurrection, elle constate que le Christ est manifesté comme venant en son être tout entier de Dieu il est vraiment le Fils de Dieu et de Marie.

Désormais en chaque être humain Dieu se donne à croire.

samedi 11 décembre 2010

L'attraction terrestre


                Je me souviens, enfant - en apprenant que la terre était ronde -  avoir eu du mal à comprendre comment les autres, de l’autre côté, arrivaient à tenir sur la terre la tête en bas, et à ne pas tomber dans le vide. Ne riez pas ! Vous avez tous eu les mêmes questions d’enfant.

                Depuis, j’ai appris comme vous que nous tenons sur la terre grâce à l’attraction qu’elle exerce sur nous. Or il me semble que cette loi de la physique illustre cette dimension essentielle de notre foi que nous nous apprêtons à célébrer : l’incarnation de Dieu.

                De tout temps, l’homme est attiré par le ciel et il pressent que son destin est plus grand que sa seule vie terrestre. Cela est vrai de toutes les religions. Mais toute quête de Dieu peut présenter le risque et la tentation d’une fuite du monde. Et l’on risque alors littéralement de tomber dans le vide !

                Nous chrétiens, nous confessons un Dieu qui a voulu visiter l’homme dans son monde, à travers une existence  terrestre semblable à la nôtre. Un Dieu qui a choisi de se révéler à nous dans notre forme et en prenant notre langage. Un Dieu qui a posé le pied sur notre terre.

                Dès lors, depuis Jésus, nous croyons qu’il n’est pas possible de trouver Dieu en fuyant ce monde. Si Dieu a voulu vivre cette vie d’homme qui est la mienne, c’est donc que cette vie doit être bonne à vivre. S’il a voulu partager l’existence humaine, c’est donc qu’elle vaut la peine d’être vécue. S’il a voulu se dire et se donner dans la fragilité de l’enfant, c’est que cette fragilité a quelque chose d’essentiel à m’apprendre sur Dieu et sur moi.

                Bien sûr, le cœur de l’homme doit rester ouvert vers le haut, vers au-delà de lui, vers Dieu. Mais le Dieu dont nous parlons, celui auquel nous croyons ne nous invite pas à fuir notre terre car c’est dans notre condition humaine, et pas ailleurs, que se joue notre salut. Il nous veut pour ainsi dire, ta tête dans le ciel mais les pieds sur la terre.

                A l’image de ce qui se passe pour les mages d’Orient, quand l’homme risque de se perdre le nez dans les étoiles, Dieu se fait enfant pour abaisser son regard vers un berceau. Que la naissance de Jésus exerce sur nous cette attraction. Vers cette vie qui est belle. Vers cette terre à aimer. Que la naissance du Sauveur nous aide à tenir sur la terre sans que notre quête de Dieu ne se perde dans le vide. Sans que notre amour de Dieu nous égare loin de nos frères. Notre Sauveur vient dans notre chair. Notre rédemption passe par l’incarnation.

P. Pierre Alain LEJEUNE

vendredi 10 décembre 2010

d'Istambul à Constantinople


Ce furent quatre jours intenses par une douce température de printemps.La plongée dans la circulation d’Istanbul nous donne de découvrir un mégapole de 15 millions d’habitants avec ses quartiers riches et pauvres, ses maisons à l’abandon ou somptueuses et des minarets à perte de vue (il y aurait plus de 3500 mosquées !). Sainte Sophie, la tour de Galata, le Bosphore, la mer de Marmara, le palais de Topkapi, la mosquée bleue, un vrai dépaysement enchanteur.

Puis c’est le choc de Constantinople : la visite au Phanar pour l’audience avec le patriarche Bartholoméos. Sa résidence est enclavée dans un quartier pauvre de la ville le long de la corne d’or ; la porte principale est fermée depuis qu’un patriarche y fut cloué dessus. La foule se presse autour de lui et il se fait accueillant à tous, il règne un climat familial, on apporte des cadeaux, on en reçoit la fête patronale de la Saint André a commencé. On se presse pour embrasser le patriarche, le successeur de saint André. Depuis la conquête de Byzance ce petit homme à la barbe blanche porte les vêtements de l’empereur, la couronne impériale et il s’assoit sur le trône où siégeait l’empereur dans la cathédrale… Il salue le cardinal et la délégation bordelaise avec beaucoup de chaleur, son second diacre Andreas nous avez attendu à l’aéroport et nous facilita notre séjour autant que faire ce peut. Au fils des jours j’apprends qu’ils ne sont plus que 2000 chrétiens dans cette Mégapole. De l’autre côté du Bosphore se trouve Chalcédoine, au cœur de la ville la basilique sainte Irène siège d’un autre concile des premiers siècles. Tout ici parle d’où nous venons et de l’élaboration des éléments fondamentaux de notre credo. De nombreuses traces évoquent aussi les persécutions et les difficultés sans nombres qui traversent ’histoire de l’Eglise. Notre dernière visite fut pour le seul monastère en terre turque qui ne peut exister légalement que si les moniales ne font un séjour que de trois mois. Ce monastère accueille de nombreuses sépulture de patriarche dont Athënagoras et Dimitrios.

A Constantinople j’ai retrouvé mon second poumon ! Orient et Occident ensemble : quel beau témoignage pourrions nous donner de la beauté du Christ !

Jean ROUET