lundi 26 décembre 2011
Conte de Noël
« Bonsoir », dit l’enfant au monsieur au milieu de l’allée à gauche, assis sur la chaise à l’odeur de paille neuve.
Le Monsieur se dit : « qu’est-ce qu’ils ont encore inventé ? Quand est-ce qu’on va chanter nos anges dans nos campagnes ?»
….
« Qui es-tu ? » dit l’enfant.
« Moi qui pensais ne pas me faire remarquer ! Il y a beaucoup de monde, je croyais passer inaperçu. »
« Où te caches-tu ? » dit l’enfant.
« On ne peut pas faire la trêve ! » pense le monsieur. « Une bonne petite trêve, pour laisser de côté les ennuis, la crise, les blessures, les peurs, une parenthèse quoi ! »
« Tu as peur ? » dit l’enfant.
« Il commence à me fatiguer les oreilles. Je venais avant le réveillon comme tous les ans. »
(Petit air à l’orgue)
« Bonsoir », dit l’enfant à la dame, qui avait hésité sur le choix du manteau, c’est vrai qu’il fait chaud à Notre Dame.
« Où j’en suis pour l’entrée ? Bon d’accord… ah ! J’ai oublié les petites cuillères.
Tiens cette année, ils n’ont pas mis la vierge de la même façon ! »
«Quand est-ce qu’ils vont arrêter de se parler ? » dit l’enfant.
«C’est curieux, comme ils sont en eux-mêmes.
Ils se plaignent d’avoir des soucis, ils n’arrêtent pas de se les raconter.
Il faudra que j’en parle à mon Père, pour voir ce qu’on peut faire, » dit l’enfant qui ne vivait que de confiance, malgré tous les soucis du monde.»
« Hé Monsieur, hé madame, on peut parler ? On peut se parler ? Je n’ai pas dit de te parler à toi-même, mais entrer en conversation ?”
« Où te caches-tu? » dit le monsieur.
« Au fond de toi » dit l’enfant.
« Qui es-tu ? » dit la dame
« Ton semblable ! » dit l’enfant.
« Bonsoir ! » dit l’enfant à l’enfant.
« Bonsoir » répondit l’enfant à l’enfant.
« Tu veux jouer avec les clochettes ? »
« Chouettes, on va bien s’amuser. »
samedi 24 décembre 2011
Autorisez-vous à faire l’âne avec Dieu !
Etes-vous tendance ? Vous savez que Dieu est désormais tendance au moins selon le Point… On nous l’avait annoncé mort avant de savoir qu’il était malade et voilà qu’il reviendrait à la mode. Pauvres de nous, pauvre de lui.
Mais, ce matin, alors que je confessais dans cette église, une jeune mariée de l’été dernier m’annonçait par SMS qu’ils attendaient un enfant pour le mois d’août, elle était ravie de mettre dans la confidence et moi je ne vous dis pas ! Les mots semblent bien petits pour exprimer la réalité profonde de la parole que cet homme et cette femme ont échangée. Voilà que cet échange donne naissance à quelqu’un, quelqu’un d’autre : magnifique Noël d’ouverture.
Chaque année nous passons ainsi de paroles creuses ou de circonstances, de paroles de bon ton aux paroles fortes qui construisent nos vies, des paroles qui fondent nos existences personnelles familiales, collectives.
Je vous propose en cette nuit d’accueillir la bonne nouvelle de Noël comme cette tentative ultime de Dieu à travers l’histoire humaine de nous adresser une parole vraie, une parole forte, une parole qui fonde nos vies. Dans la lettre aux Hébreux les premiers chrétiens ont ainsi accueilli le mystère de Noël : « Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. »
En cette fête en cette nuit, en ce moment, Dieu nous adresse une parole directe et cette parole c’est son fils né de Marie. Oui « le Verbe c’est fait chair » nous dit l’évangéliste saint Jean. Oui la parole de Dieu prend corps ! Il ne s’agit pas simplement de s’interroger sur l’existence ou la non-existence de Dieu, il s’agit d’accepter le dialogue que Dieu nous propose par la venue de cet enfant, dans ce temps de l’histoire, dans ce lieu précis de notre planète.
La parole, la conversation, la communication voilà qui est tout à la fois humain et divin.
Nos mots engagent, font mal, déroutent, blessent, réjouissent, apaisent, tuent ; on se fait piéger par nos bons mots, notre humour ; on est pris au mot. Quand Dieu prend la parole c’est quelqu’un, c’est Jésus de Nazareth, c’est une parole vraie qui engage l’avenir, une parole qui donne vie, c’est une parole où tout la personne est concernée. Oui, tout l’être de Dieu est concerné par cette parole qu’est l’enfant de la crèche. Les amoureux pressentent cela, le prêtre au jour de son ordination, le religieux ou la religieuse au jour de ses vœux. Chacun de nous, à chaque messe, le croit quand il entend la parole qui engage totalement le Christ dans le corps livré et le sang versé.
Qu’est-ce qu’il nous dit dans cet enfant qui ne peut encore prononcer les mots des hommes :
Dieu n’est pas dangereux, ce Dieu-là n’est pas fauteur de guerre, il n’est pas barbu comme un père Noël, il n’est pas donneur de leçon puisqu’il n’a encore que des vagissements de nourrissons. N’ayez donc aucune peur en vous, parlez à Dieu comme on parle à un enfant.
Dans cette parole qu’est l’enfant Jésus Dieu fait de la faiblesse son point fort, loin de la crèche les images redoutables de la puissance ; renoncez à toute puissance sur vous, sur les autres, il n’y a que la bonté et la beauté qui nous sauvent. Parlez-lui de vos faiblesses il sera en pays de connaissances et marchera avec vous.
Dieu fait éclore la joie dans les marges et non pas au centre de l’empire romain, à l’écart comme pour une confidence, sa naissance n’est proclamée que sur les toits des cieux et non sur les toits du monde. Elle n’est pas éclatante à la Jérusalem et à la Rome de ce temps-là. Ne regardez donc pas au centre des affaires, ne regardez pas votre nombril, regardez aux marges, au marginal, aux marginaux là où la vie se cherche un chemin pour éclore sans bruit. Parlez-lui de vos espérances, il en a pour l’univers entier et pour tous les hommes de bonne volonté.
Nous avons la fâcheuse habitude de nous parler, nous sommes si souvent en conversation avec nous-mêmes, nos pensées font en nous un bruit assourdissant. N’arrêtez pas de penser, ce n’est pas possible, quoiqu’on en dise, mais tourner vos pensées intérieures vers autre chose que vous-mêmes. Tourner vos pensées vers l’hôte intérieur. Finalement c’est nous la crèche ! Mais, si nous sommes la crèche, le lieu de naissance de Dieu, autorisez-vous à faire l’âne avec Dieu : c’est ce que l’on sait faire de mieux. Attention n’essayez pas de braire ça pourrait faire peur à l’enfant ; là dans la crèche, en vous, il a besoin surtout de chaleur humaine, ce lieu est si inhospitalier !
Oui Dieu a besoin de notre chaleur et tant d’être avec lui. Fournissez donc la paille !
Jean ROUET
mercredi 7 décembre 2011
Le temps qui court
« Vous devez être très pris, surtout avec l’approche des fêtes de Noël ! » Combien de fois par jour me fait-on cette réflexion ! J’avoue avoir de plus en plus de mal à l’entendre. Je dois donc donner l’image d’un homme sur bouqué ou bien l’image des prêtres est celle de personnes qui n’ont plus de temps et donc que l’on n’ose pas déranger : « ils sont tellement occupés » !!! Autrefois on disait fainéant comme un curé, on va finir par dire stressé comme un curé !
Le temps que l’on prend, le temps que l’on n’a plus, le temps après lequel on court, le temps que l’on ne trouve pas, le temps perdu et jamais retrouvé, j’en passe et des meilleures ; notre rapport au temps est un fameux problème.
Pour ma part, quand on me remercie d’avoir donné du temps, j’aime répondre que le temps n’appartient qu’à Dieu seul et que, finalement, la grâce des grâces c’est qu’il a mis fin à toutes choses. C’est pour moi, dans les moments les plus occupés, la meilleure parade intérieure. Si l’instant est à Lui, quelle source de paix ! L’avenir ne dépend pas de moi mais de ma manière de le recevoir et d’y adhérer de toutes mes forces.
J’aime beaucoup les réflexions de Thomas Kelly, quaker américain du début du 20éme siècle ami lointain de frère Laurent de la Résurrection franciscain du 17 éme siècle, et qui nous introduit à la contemplation de Dieu comme l’Eternel présent. Voilà l’idée : vivre au présent ! C’est un beau cadeau pour nos proches !
Jean ROUET
« Soyez dans la joie du seigneur, Soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche ! »
Cette invitation résonne au cœur des textes de la parole de Dieu de ce dimanche. Et au centre de la liturgie de la parole nous chantons le magnificat, le chant de la joie de Marie. La Vierge Marie l’a chanté lors de sa visite à sa cousine Elisabeth. Des bribes des psaumes sont présentes dans presque toutes les phrases. Pour exprimer son émerveillement devant l'action de Dieu, Marie reprend les expressions de la prière de son peuple. C'est l'une des grandes caractéristiques de la prière chrétienne : le croyant n'oublie jamais qu'il fait partie d'un peuple et que toute vocation, loin de le mettre à l'écart, le met au service de tous. C’est pourquoi Marie est toute à la joie dans la foi de son peuple ; elle est dans l'émerveillement devant la fidélité de Dieu à ses promesses et à son Alliance ; elle rend grâce pour l’action de Dieu à l’œuvre tout particulièrement chez les pauvres et les petits. La prière de Marie qui éduque notre cœur à la vraie joie : se réjouir de ce qui arrive pour soi et pour tous !
Paul fait écho à cette prière joyeuse de Marie: "Il est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela il l'accomplira." La joie est l’œuvre de Dieu en nous ; elle vient comme une grâce, comme un cadeau et nous donne de pressentir l’avenir avec espérance pour tous !
Jean-Baptiste jouissait d'une réputation telle qu'on s'est posé la question à son sujet. A toutes les questions, Jean-Baptiste répond en s’effaçant. On lui demande de se définir, on l’interroge sur son identité et il prend grand soin de se relativiser, de se mettre en relation, de désigner Celui qu’il cherche et pour lequel il vit.
Nous avons sous nos yeux les visages de deux disciples en marche, ils nous invitent à tendre nos vies vers le retour du Christ, de préparer nos cœurs à accueillir la joie pour tout le peuple, pour toute l’humanité. Tournés vers l’avenir, telle est l’attitude dans laquelle la joie qui vient de Dieu nous établie. Seigneur dirige notre joie vers la joie de ta venue !
Jean ROUET
Paul fait écho à cette prière joyeuse de Marie: "Il est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela il l'accomplira." La joie est l’œuvre de Dieu en nous ; elle vient comme une grâce, comme un cadeau et nous donne de pressentir l’avenir avec espérance pour tous !
Jean-Baptiste jouissait d'une réputation telle qu'on s'est posé la question à son sujet. A toutes les questions, Jean-Baptiste répond en s’effaçant. On lui demande de se définir, on l’interroge sur son identité et il prend grand soin de se relativiser, de se mettre en relation, de désigner Celui qu’il cherche et pour lequel il vit.
Nous avons sous nos yeux les visages de deux disciples en marche, ils nous invitent à tendre nos vies vers le retour du Christ, de préparer nos cœurs à accueillir la joie pour tout le peuple, pour toute l’humanité. Tournés vers l’avenir, telle est l’attitude dans laquelle la joie qui vient de Dieu nous établie. Seigneur dirige notre joie vers la joie de ta venue !
Jean ROUET
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