Un
excellent évangile pour commencer l’année de la foi !
Il
est très intéressant de comparer l'attitude de Jésus et celle de Bartimée dans
cet évangile.
Bartimée
est assis au bord de la route et fait ce qu'il devait faire tous les jours à
savoir qu'il mendie.
Jésus
lui est sur la route, il marche, va de l'avant et monte à Jérusalem.
Bartimée
apprend le passage du Fils de David c'est à dire de l'envoyé de Dieu et il se
met à crier pour attirer l'attention ; il espère que ses cris vont faire déplacer
Jésus vers lui.
Jésus,
de son côté, s'arrête mais ne change pas de chemin, rien ne peut le détourner
de son chemin, mais il appelle à lui, il met cet homme en mouvement vers lui.
Deux
éléments importants pour chacun de nous déjà dans ces deux manières de faire :
Dieu s'arrête à l'appel de celui qui crie vers lui ; "Un pauvre a crié,
Dieu entend" nous dit le psaume. Avons-nous suffisamment conscience de nos
aveuglements pour crier avec force, avec vérité vers celui-là seul qui peut
nous sauver, nous prendre en pitié, nous rendre la vue ?
Dieu
fait venir à lui, il met l'homme en mouvement, il ne le laisse pas sur place,
il exige de lui un déplacement. Et nous voyons Bartimée jeter son manteau, ce
qui pèse sur ses épaules, pour bondir : il ne pense plus qu'il ne voit pas, il
ne pense qu'à celui qui peut le sauver. Et il y a quelque chose d’étonnant dans
cet aveugle qui bondit et qui court sans rien voir ! L'appel du Christ a
toujours pour caractéristique de dynamiser celui qui répond ; pour le Christ
l'homme est celui qui va de l’avant ; vivre pour lui c'est marcher, c'est
avancer.
Dans
cette histoire il y a un premier renversement : au début c'est l'aveugle qui
est bloqué sur place et le Christ qui avance, très vite c'est le Christ qui est
à l'arrêt et l'homme aveugle qui se met en mouvement. Dieu s'arrête pour que
l'homme le rejoigne.
Ensuite
le dialogue s'engage entre eux deux. Nouveau renversement de situation : le
Christ demande à cet homme ce qu'il veut qu'il fasse pour lui. Au début
l'aveugle demandait pour lui, maintenant c'est le Christ qui demande qui se
rend totalement disponible : à notre propre prière, Dieu répond par la
sienne, Dieu nous prie, Dieu nous demande. Extraordinaire humilité de Dieu qui
se fait serviteur de l'homme. Nous qui avons souvent peur de demander à Dieu,
nous qui nous jugeons indignes de recevoir parce qu'en fait nous sommes très
orgueilleux, voilà qu'il nous est dit que c'est Dieu lui-même qui nous prie,
Dieu se juge digne de demander à l'homme et nous nous ferions les difficiles ?
Qu'est
ce qui se passe en fait dans nos prières de demandes ? Nous nous en remettons à
Dieu et Dieu se rend disponible à l'homme. Dans nos prières de demande c'est un
échange qui nous est proposé, une communication, une relation de réciprocité.
Dans
la fin de cet épisode le Christ va mettre en lumière ce que l'aveugle a apporté dans la relation qui s'est amorcée
: "Ta foi t'a sauvé". En fait ce que le Christ guérit bien au-delà de
la vue c’est la vision de cet homme sur lui-même, c'est la confiance que cet
homme met en Dieu qui est en lui source de vie, source de mouvement, source de guérison
de tout ce qui le bloque sur place. La manière du Christ de faire des miracles
ce n'est pas de dire : "Vous avez vu, cet homme a les yeux guéri".
S'il disait cela il nous inviterait à dire de lui : "Comme il est fort
!" Rien de tel dans son attitude. Il importe de nous en souvenir chaque
fois que nous entendons parler de miracles. Notre propension est grande à nous
extasier devant les prodiges : "Oh il marche ! " Le Christ guéri le
regard que l'homme porte sur lui-même, il met en évidence qu’en chacun de nous
c’est la foi qui sauve. Il s’agit de faire confiance à la confiance. Bartimée a
une foi que loue le Christ, une foi aveugle, une foi efficace puisque c'est
elle qui le sauve. Nous serions tenté de dire que cette foi est très égoïste et
même un peu superstitieuse. Bartimée cherche la guérison de ses yeux et c'est
celle de son cœur qui lui est accordée et, pour que cela soit manifeste, le
Christ guérit ses yeux. N'empêchons pas l'expression de la foi aussi infime
qu'elle soit ; n'éteignons pas la mèche qui fume encore, soyons des promoteurs
de la confiance quel qu'en soit le point de départ : là est le salut.
Le
résultat il nous est dit avec la sobriété habituelle de Marc : "Aussitôt
l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route". Le résultat
c'est l'homme et Dieu qui font route ensemble, c'est l'homme qui rejoint la
route de Dieu.
Demandons
ce minimum de foi, de confiance qui nous permet de nous mettre en route et de
bondir !