samedi 25 octobre 2014

Aimer l'autre comme soi-même et la fin de vie...

Le premier et le second commandement sont donc semblables : « Aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même. »
Aimer son prochain comme soi-même ! Nous entendons à nouveau cet appel du Christ quelques jours après que le comité national d’éthique ait rendu public un rapport sur la fin de vie.
Laissons nous éclairer par cette parole pour évoquer ce sujet si difficile.  Nous y sommes confrontés régulièrement et quelques fois au sujet de nos proches.
Nous appartenons tous à cette humanité marquée par la finitude et la vulnérabilité. Malades ou bien portants, soignants ou soignés, prêtre ou fidèles nous sommes tous situés face à la mort et plus précisément à notre propre mort. Mais deux règles structurent nos consciences pour affronter notre condition mortelle. Il y a une règle négative et une règle positive.
« Tu ne tueras pas » est un interdit fondateur de la vie des hommes entre eux.  Le contraire est la sauvagerie. Malheureusement elle existe. Progresser en humanité c’est passer de la force de la violence à la force du droit. Supprimer une vie, quelles qu’en soient les justifications, est une violence qui engendre de la violence.
Face à cet interdit,  il y a l’appel positif du « tu aimeras ». Le choix de la vie est le choix de la tendresse sur la violence surtout pour les êtres en situation de fragilité dans la maladie ou dans l’affrontement à leur mort. 
Nous sommes des êtres de relation, en relation. La relation est notre respiration humaine. Même si les autres quelquefois nous empêchent de respirer ou nous pompent l’air,  nous vivons grâce à nos relations.
La souffrance nous recroqueville sur nous-mêmes, rétrécies nos vies. Nous sommes comme réduits à nous-mêmes. C’est bien dans ces moments là que nous avons besoin d’être accompagnés et non rejetés, c’est à cette heure là qu’il ne faut pas être abandonné. Nous avons besoin d’avoir sur nous un regard qui nous révèle que nous existons pour quelqu’un. Nous avons besoin d’une main qui nous caresse pour nous faire éprouver autre chose que notre douleur. Aimer une personne c’est la respecter, l’aider et la protéger tout à la fois au moment où elle en a le plus besoin.
La grande tentation qui peut alors nous frapper est celle du déni. Nous voulons ignorer dans quel état nous sommes, nous voulons ignorer dans quel état est l’autre. Le bavardage ou la fuite sont nos principales armes. Ce déni est sous tendue par la peur, il masque notre peur de la mort et de la douleur. Mais le déni ne permet pas d’être dans une vraie relation de personne à personne et dans l’état réel où elles sont.
Accompagner jusque dans la souffrance et la mort c’est prendre soin de toute la personne dans sa globalité. On ne laisse pas tomber, on ne laisse pas quelqu’un à sa souffrance, on ne l’élimine pas de nos relations. On apprend à résister à la tyrannie de ses émotions, de ses hauts le cœur.
Quelque que soit notre état de santé psychique ou physique nous ne sommes jamais morts socialement. On ne réduit pas quelqu’un  à son utilité : un mourant n’est pas un inutile dont il faut se débarrasser le plus vite possible. Nos malades et nos mourants nous apprennent des qualités indispensables à notre humanisation : la douceur, la patience et l’empathie. 
Il nous faut servir dans notre société cette culture de l’empathie : du vivre avec, du sentir avec, du souffrir avec. Il nous faut développer une culture palliative dans nos lieux de soins, dans nos maisons de retraite, dans nos familles.
Trop peu est fait en France dans nos structures de santé puisque 80% de français n’ont pas accès aux soins palliatifs.
Trop peu est fait dans nos consciences. Nous risquons entretenir la conviction que c’est la souffrance qui est salvatrice et l’exemple de la croix du Christ peut nous entrainer dans cette pensée. Ce qui sauve c’est l’amour au cœur de la haine, c’est l’amour de la personne au delà de tous ses handicaps, ce qui sauve c’est l’amour jusqu’au bout du bout de la vie. Telle est la croix du Christ. Et « nous serons jugés sur l’amour. »
Des propositions sont étudiées pour modifier la loi essentiellement sur deux points : les directives anticipées et la sédation en phase terminale.
Les directives anticipées, c’est à dire les dernières volontés du malade, supposent un vrai dialogue continu entre les soignants et les soignés. Le choix n’est pas entre l’acharnement thérapeutique ou l’euthanasie. Le choix c’est aussi l’accompagnement jour après jour, heure après heure dans le respect, le soutien et la prière.
Bien sûr, il faut soulager la douleur même si l’on sait que cela risque d’accélérer le processus de fin de vie. Mais l’intention est ici de soulager, de soigner. Jamais la conscience ne doit renoncer à prendre soin. Elle ne doit jamais se résigner à donner la mort.
Nous savons dans la foi que chaque personne vulnérable « a du prix aux yeux » de Dieu (Isaïe 43,3). C’est pourquoi un accompagnement humain des personnes en fin de vie est la reconnaissance authentique de leur inaliénable dignité. Cela aussi du prix aux yeux de Dieu.
Aimer l’autre comme on s’aime soi-même jusqu’au bout de soi. Aimer l’autre comme le Christ nous a aimés jusque dans la mort. C’est là qu’est né la dignité de toute personne humaine.



lundi 6 octobre 2014

Célébration des 10 ans d’adoration perpétuelle au Sacré-Coeur de Bordeaux



Le pain de vie est offert à nos regards. L’acte par lequel le Christ a donné sa vie pour le salut du monde nous est présent éternellement. A nos yeux, est exposé son corps livré “pour nous et pour la multitude”. Le don de l’amour du Père est accessible à tous ceux et celles qui s’en approchent, il est aussi simple qu’en peu de pain aussi profond que le mystère de Dieu en tout temps. A chaque instant l’amour nous est offert en nourriture pour le salut du monde.
Ce que l’adoration eucharistique nous fait vivre en premier, c’est la contemplation de l’amour infini de notre Dieu dans l’histoire des hommes. Adorer c’est d’abord contempler. Contempler, c’est durer dans le regard, c’est se laisser impressionner par ce que l’on voit. Contempler, finalement, c’est s’attacher à être comme les apôtres.
La vie des apôtres est une vie toute entière sous le regard du Christ et dans le regard du Christ. La vie des apôtres est un apprentissage continuel de l’attitude de contemplation : trois ans dans la présence réelle et corporelle du verbe de Dieu, trois ans dans le compagnonnage du Fils Unique. Jean le baptiste le précurseur, celui qui pose son regard sur le Christ, se trouve établi par ce regard même comme compagnon de l’Epoux.
Les apôtres de la résurrection n’ont cessé d’annoncer la présence du Ressuscité à travers ce qu’ils avaient contemplé pendant les trois ans de sa vie publique et les évangiles nous exposent cette présence et le corps eucharistique du Christ est comme la mémoire vive de cette présence.
L’adoration eucharistique nos façonne pour que nous soyons des apôtres, des disciples du Seigneur Jésus. C’est pourquoi l’adoration fait de nous des suppliants, des intercesseurs, des hommes et des femmes qui, avec le Christ, présentent au Père dans le souffle de l’Esprit Saint le besoin de pain, le besoin de pardon, le besoin de délivrance de tous nos frères humains.
Nous contemplons le Christ pour intercéder avec lui “pour la gloire de Dieu et le salut du monde”. Cette phase est au cœur de nos eucharisties et introduit la prière eucharistique qui nous restitue, aujourd’hui, ce que le Christ a fait une fois pour toutes, à la croix. Adorer nous met donc avec le Christ afin de participer grâce à lui, avec lui, en lui au salut du monde.
Elle est longue la liste des pains qui manquent, des pardons qui manquent, des libérations qui manquent. Elle est longue la liste des affamés, des rejetés, des emprisonnés du mal.
Nous adorons pour aimer avec le Christ et votre église, la chapelle d’adoration doit bruisser de toutes ces présences car le Christ leur est présent.
En vos cœurs doit résonner la faim des hommes, la peur des hommes, les appels des hommes.
En votre prière vous rejoignez le cœur universel du Christ.
Enfin au cœur de la ville de Bordeaux vous portez le signe, nécessaire à notre témoignage commun, de l’unique nécessaire ainsi que Jésus le dit à Marthe en parlant de sa sœur Marie. L’unique nécessaire c’est ce regard premier dans nos vies du Seigneur Jésus. L’unique nécessaire c’est ce pain qui doit alimenter chaque jour de nos vies. L’unique nécessaire  c’est le Christ notre vie. Le Christ à l’origine de nos pensées, de nos actions, de nos intentions. Le Christ à l’origine de notre témoignage ecclésial et personnel. Le Christ la pierre angulaire sur laquelle tout repose.
Cette présence offerte ici jour et nuit à nos regards nous emplit de la Joie de l’Evangile.
« Vous criez de Joie pour le Seigneur adorer le Seigneur qui nous a fait ». (Psaume 94)

Jean ROUET

mercredi 1 octobre 2014

No in my name

Après les États Unis et l'Angleterre, l'horreur nous a atteint et beaucoup parlent désormais de guerre. La parole se veut plus forte, plus claire, plus décidée. Il est temps de ne plus confondre islam et terrorisme, il est temps de ne plus confondre liberté de penser et pouvoir dire n'importe quoi sur n’importe qui. Il est temps de ne plus confondre la cause de Dieu avec son propre intérêt. Il est temps de mettre la cause de l'homme avant le pétrole. Il est temps que tous les pays qui se réclament de l'islam comme religion officielle soient les premiers artisans de lutte contre les terroristes. On ne négocie pas avec celui qui veut nous tuer, on se défend.
Les risques sont redoutables.
L'Amérique ne doit pas être le gendarme du monde, les guerres précédentes ont montrées la nocivité de cette posture. Seule une solidarité entre les nations unies peut être porteuse d'un vrai sursaut pour les irakiens, syriens et autres peuples sous la férule de ces tyrans.
La peur peut nous gagner et nous inciter à nous recroqueviller. Comme d'habitude elle est mauvaise conseillère. Tout et tous sont sous le soupçon et ça devient invivable.
La haine peut nous contaminer comme un poison violent que certains réseaux entretiennent déjà avec une ferveur indécente.
Le désir de vengeance peut nous envahir comme une justice du œil pour œil et dent pour dent.
La seule route possible comprend approfondissement, prières des croyants, dialogue avec tous les hommes de bonne volonté et réalisme sur la capacité de nuisance des adversaires.
Tous les jeudis à 17h15, la célébration à Notre Dame est à cette intention. Sur le site internet du diocèse vous trouverez des témoignages, des intentions de prières et des appels au secours de nos frères d’Irak. Agissons ensemble pour comprendre, secourir, prier et travailler à la paix.

Jean ROUET