dimanche 4 avril 2010

C’est nous la preuve ! C’est nous à l’épreuve de la foi.


« Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? »

Quelques femmes éplorées, toutes à la douleur d’avoir perdu leur maître… ; quelques femmes portant déjà Jésus comme un souvenir embaumé. Il est déjà derrière, il est déjà enterré… il est déjà un souvenir sur lequel on vient pleurer comme on pleure sur un espoir déçu, sur une jeunesse passée, sur des rêves illusoires, sur une ambition contrariée.

Sur ce chemin du cimetière, sur cette route de la tristesse un premier signe surprend le groupe : « la pierre est roulée sur le côte du tombeau ! » Nous ne sommes pas dans un monde clôturé, enfermé, bardé de certitudes… il y a une brèche là où pourtant tout est fini ! Il y a une ouverture là où habituellement, toujours, c’est l’impasse totale ! Il y a une échappée là d’où on ne revient jamais ! Le tombeau est vide ! Le cadavre a disparu ! On ne sait plus que penser ! En effet toute pensée ici semble folle ou provoquer l’affolement ! Toute espérance est dépassée : la mort n’est plus la mort, la mort est morte !

La voix qui se donne à entendre renvoie à deux expériences mises en communication comme éclairant le mystère : Jésus est le Vivant ! « Le Vivant », ce titre seulement donné à Dieu (Jos 3, 10 ; Jg 8, 19) renvoie ces femmes à leur expérience de la rencontre de Dieu. Le Dieu de nos pères, voilà qu’il est tout entier présent, tout entier engagé, tout entier donné dans ce Jésus avec lequel elles ont marché depuis les débuts en Galilée et c’est la deuxième expérience à laquelle elles sont renvoyées : leur compagnonnage de disciples, de suiveuses, d’auditrices de Jésus de Nazareth. Dans la résurrection elles expérimentent que ce qu’elles vivent dans leur foi en Dieu est du même ordre que ce qu’elles ont vécu dans la suite de Jésus sur les chemins de Palestine. Devant le tombeau vide, il leur est donné de réaliser que ce qu’elles ont entendu, ressenti, espéré avec le maître est l’accomplissement de ce que leur foi au Dieu des pères leur donné d’entendre de ressentir, d’espérer. Cet homme nous donne d’expérimenter totalement la rencontre de Dieu. La foi dans le Dieu de nos pères, le Dieu libérateur, le Dieu qui aime la vie, le Vivant, trouve son corps de pleine lumière, de pleine révélation en cet homme, en sa parole, en sa mort, en sa résurrection ! L’expérience chrétienne est cette double expérience que la recherche du sens pour nos vies trouve réponse, chemin ouvert, dans la rencontre intérieure de Jésus de Nazareth. Ce n’est pas une idée, encore moins une idéologie, c’est n’est pas une simple sagesse encore moins une morale, c’est la personne de Jésus. C’est une voix, une main offerte, une vie donnée au delà de ce que je peux imaginer. L’expérience chrétienne c’est la rencontre du Vivant qui vient à moi comme mon avenir. C’est ainsi pour Marie Madeleine, Jeanne et Marie, mère de Jacques et d’autres…

Nous sommes au premier jour de la semaine. Nous sommes au commencement d’un nouveau monde. Dans l’Evangile de Luc, tout se passe à Jérusalem, la ville centre, la ville d’où tout part vers le monde entier. Dans cette ville centre du monde, tout converge vers le groupe des disciples, tout se cristallise dans la recherche et dans la foi de Pierre.

Tout commence de cette manière là, tout recommence ainsi. Notre recherche et notre foi dans la recherche et la foi de l’Eglise. En cette nuit de la Résurrection bienheureuse de notre Seigneur le Christ Jésus, ses propos délirants sont proposés à nouveau à notre adhésion. Il était mort, vraiment mort, il était descendu au séjour des morts - aux enfers comme le dit le Credo - le voilà Vivant, Vainqueur ! Amis chrétiens, laissons-nous envahir par la joie de Pâque : rien, non rien, n'est jamais définitivement perdu, chez personne. La Vie est la plus forte et nous devenons les témoins du Vivant.

Par le baptême, c'est dans cette vie plus forte que la mort que nous sommes plongés.

L'eau qui coule sur nos fronts est le signe que nous sommes dans le même bain que le Christ. Nous devenons son frère, des fils et des filles bien-aimés. Par la proclamation de notre foi baptismale, plongeons, cette nuit encore, dans cette dignité offerte.

La lumière du cierge pascal dont nos cierges sont le rappel sert de repère. Ce qui éclaire nos ténèbres, nos nuits, nos tombeaux c'est un art de vivre tout entier dans le don de soi pour les autres. C'est pour cela que Christ est la lumière du monde, qu'il est notre lumière. Christ est notre point de repère. Marchons les yeux fixés sur Lui, à sa suite, en cette nuit pleine de sa lumière, engageons notre vie dans le don de nous-mêmes pour la gloire du Père.

L'huile sainte marque nos fronts, elle est le signe de la présence attachante et fortifiante du Christ avec tout homme, elle nous dit le parti pris de Dieu sur chacun : « tu es aimé de toujours à toujours c’est irrévocable. » En cette nuit, joyeuse entre toutes, laissons-nous prendre au parti pris de Dieu.

Charles-Antoine et Jean-Michel ce soir vous nous ouvrez la marche. Et au moment de la communion avec Mickaël nous allons plonger à nouveau dans la vie au quotidien avec le Christ. En cette nuit du Christ, le Vivant, avec vous nous choisissons le Christ notre vie !

Mais sur quoi nous appuyer ? Quelles preuves vous offrir ? Ces propos semblent délirants… Si on va voir, il n’y a rien à voir ! Ou si peu, même en se penchant !

Nous n’avons comme preuve que la proclamation qui de témoins en témoins nous est parvenu aujourd’hui. Le peuple de témoins qui constituent l’Eglise. Non pas l’institution comme l’ont dit beaucoup ces jours-ci mais des visages, des voix, des mains, des hommes et des femmes de chair et d’os qui misent leur vie dans la confiance à la parole des autres. Oui, c’est bien cela vous m’avez compris ! La vérité de la vie n’est pas seulement dans une éprouvette, la solidité de notre vie n’est pas réduite aux analyses scientifiques de tout ordre qui à juste titre décortiquent le composé humain, le fondement de notre vie ne s’épuise pas dans le décryptage du génome humain aussi considérable que soit cette découverte pour l’avenir.

Il n’y a pas qu’un seul accès à la compréhension de notre existence et de notre vie, il n’y a pas que la preuve objective et répétitive qui nous assure. Il y a l’épreuve, il y a le risque, il y a la liberté qui nous donne de vérifier ce qui nous fait tenir, ce qui nous tient à cœur, ce qui nous donne de traverser la haine, le deuil, la violence et l’angoisse. Dans la suite de Jésus, un peu chaque jour, certains plus que d’autres, certains moins que d’autres, nous constatons en nous la preuve que sa vie est la plus forte, que son souffle, même à l’état de brise légère soulève notre gangue, que son corps ecclésial avec ses sacrements et son histoire si lourde et si opaque laisse cependant passer la parole qui redonne espérance et que rien dans la vie n’est plus précieux que la vie, que l’on ne fait rien sans espoir, que l’on ne bâtit rien sans croire et que l’on n’est heureux que par l’amour donné et reçu. Oui, c’est un autre accès à la vérité, oui c’est une autre lecture de l’histoire, oui c’est une autre preuve. Mais quelle est celle qui fait vivre, quelle est celle qui donne du sel à la vie ?

Frères chrétiens en ces fêtes pascales après le tombeau vide, c’est nous la preuve ! C’est nous à l’épreuve de la foi. Aussi en confessant notre foi, basculons pour choisir le Christ, pour croire en sa Vie plus forte que nos morts.

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