vendredi 2 avril 2010

Que porte t-il sur ses épaules ?

Dans la boîte aux lettres ce matin, un mot accusateur et anonyme bien évidemment. Mon correspondant m’interroge, ce matin de Vendredi Saint, pour savoir si je suis à moitié Israélite. Le masque est tombé et c’est bien simplement que je me reconnais disciple de ce juif Jésus, abandonné de tous.

Que porte t-Il sur ses épaules en ce jour ?

L’Evangile nous décrit la montée rapide de ce qui va peser sur Lui. On l’accuse d’être contre la loi de Dieu, il a beau guérir les souffrants qu’il rencontre, c’est la transgression qui est mise en avant. Il aime la fréquentation des hors la loi, les pêcheurs, comme on dit, et ça lui est compté à charge. Il veut rétablir au cœur du Temple le seul service de Dieu en chassant les trafiquants et la haine se déchaîne contre Lui.

A son procès, ne paraîtront que les accusateurs. Mais où sont Bartimée, Zachée, la veuve de Naïm, la Samaritaine, la pécheresse pardonnée ? Mais où est Pierre ?

Il lui faudra Joseph d’Arimathie pour l’aider à porter ce qui l’écrase, car non seulement, il y a les faits mais il a aussi la connaissance qu’il a de la gravité des faits.

Ce qui est en jeu, c’est un homme dans sa dignité, dans son être de liberté et de filiation. Et parce que c’est un qui est en cause, il sait que, par ricochet, c’est tous qui sont en cause.

Il sait que ce qui est en cause, c’est Dieu lui-même, dans l’amour de son fils, et parce que son fils est en cause, tous ses fils le sont.

C’est donc tout le poids de l’Amour bafoué, refusé, abimé, violenté qui l’écrase. Et en retour, dans un consentement qui nous dit Dieu, il aime, il nous aime à en mourir. Péguy, dans une phrase admirable commente : « Et par Amour du Père, Il eut sa mort humaine »

Où sommes-nous aujourd’hui ?

Chacun des personnages de ce récit, nous permet de nous situer, ailleurs, au bord du chemin, avec Joseph d’Arimathie au pied de la Croix, dans la foule qui hurle "à mort !", dans la soldatesque qui exécute, je participe à ce qui l’écrase et en retour Il m’aime à en mourir.

Jean ROUET

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