La vie des apôtres est une vie toute entière sous le regard du Christ, dans le regard du Christ. La vie des apôtres est un apprentissage continuel de l'attitude de contemplation : trois ans dans la présence réelle et corporelle du Verbe de Dieu, trois ans dans le compagnonnage du Fils Unique. Jean le baptiste, le précurseur, celui qui pose son regard sur le Christ qui passait, se trouve établit par ce regard même comme compagnon de l'Epoux : "Ils vinrent trouver Jean et lui dirent : " Rabbi, celui qui était avec toi de l'autre côté du Jourdain, celui à qui tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise et tous viennent à lui ! "Jean répondit : " Un homme ne peut rien recevoir, si cela ne lui a été donné du ciel. Vous-mêmes, vous m'êtes témoins que j'ai dit : "Je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant lui. " Qui a l'épouse est l'époux ; mais l'ami de l'époux qui se tient là et qui l'entend, est ravi de joie à la voix de l'époux. Telle est ma joie, et elle est complète. " (Jean 3, 26-36)
La vie ecclésiale faite de vie fraternelle, de prière et de louanges partagées, écoute de la Parole et d'intériorisation de ses appels creuse en nous le désir d'être humblement un disciple du Christ. Il ne s'agit pas de faire des progrès, il s'agit de progresser vers le Christ, d'être avec le Christ, de suivre le Christ. Insensiblement la pratique de la vie baptismale me décentre de tout souci de moi-même ; s'il en reste toujours un peu quelque chose, peu importe, puisque j'ai le désir de demeurer en lui et qu'il demeure en moi. La prière de contemplation va nous adapter à cette recherche renouvelée.
La rencontre aimante du Seigneur consiste à le regarder longuement, à le regarder dans tous les détails pour mettre nos pas dans ses pas, pour ne rien perdre de sa trace. La prière va chercher à entrer dans son histoire pour que mon histoire soit un reflet de Lui. L'attitude intérieure va se faire écoute attentive, observation des gestes, des attitudes, des déplacements, des réactions qu'il a eu sur les chemins de Palestine, dans les bourgs et les villages où il est passé, dans la ville de Jérusalem puisque ce qu'il a montré là, c'est ce qu'il est éternellement avec son Père grâce à l'Esprit Saint. Le rejoindre là, me tenir là, avec lui, auprès de lui pour le servir en tous ses besoins.
Je regarde qui est là : Jésus et tous les personnages de cette scène évangélique.
J'écoute ce qu'ils disent, j'observe ce qu'ils font et chaque fois ce que je vois, ce que j'entends, ce que j'observe, je le laisse se réfléchir sur moi comme si la lumière qui se dégage de ce tableau voulait éclairer, donner des couleurs à ma vie. Il ne s'agit pas de regarder ce que le Christ vit et ensuite de regarder ce que j'en vis ou comment je pourrais le vivre; une telle attitude serait comme un processus de photocopie, mais l'Evangile n'est pas un magasin de prêt à porter, c'est plutôt du sur-mesure. Il ne s'agit pas d'appliquer l'Evangile comme on s'applique une crème de beauté, il s'agit de s'appliquer à être là où il est. Il ne s'agit pas de tirer l'Evangile à soi, mais de se laisser attirer par le Christ comme une séduction profonde de l'être , comme une contamination. L'Evangile n'est pas un petit livre rouge ou bleu à appliquer mais c'est un lieu de rencontre pour pratiquer la fréquentation du Christ.
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