mercredi 26 décembre 2012

Au commencement, Dieu aime !


Ce jour de fête, sans cesse renouvelé depuis 20 siècles, est un commencement, une naissance. Tout est possible, et pourtant tout est limité. C’est un garçon et pas une fille, c’est un juif et pas un romain, c’est un pauvre et pas un riche. Les anges sont convoqués, mais le confort est pour le moins rudimentaire. Tout est possible et tout s’inscrit dans un lieu précis, un temps précis. Il n’y a rien de général heureusement, car les généralités sont des abstractions. Tout ici est bien réel et il faudra vite s’occuper de le nourrir, de le laver, de l’emmailloter, de s’inquiéter s’il se met à crier. C’est un vrai commencement et tout commencement est une naissance fragile et pleine d’espérance, joyeuse et pleine de soucis.
Dans une naissance, tout est déjà là, l’énergie de la vie et ses potentialités sont données, il y aura à   soigner, éduquer, protéger mais tout est donné. On ne pourra rien ajouter d’essentiel.
Dans cet enfant, tout, de sa mère et de cet homme qui l’accepte, est en germe et, suivant les points de vue, on remontera à Abraham, le père des croyants, et pour d’autres à Dieu lui-même. La source est là, la source sans laquelle il n’y a pas de fleuve si elle se tarit s’en est fait du filet d’eau.
Dans le commencement de cet enfant il y a tout un passé à l’œuvre  et, à y regarder de près, c’est un passé chargé de grandeur et de crimes, une histoire écrite avec des lignes courbes. Oui, tout est en germe mais tout devra être décidé, voulu, assumé, orienté.
Regardons cet enfant de la crèche en son commencement comme nous regardons nos enfants, ceux qui sont dans la première année de leur existence, ceux qui sont encore dans le sein de leur mère. Vous voyez la ressemblance, elle saute aux yeux. Dieu ressemble à l’homme et l’homme ressemble à Dieu. Voilà le vrai commencement ! Il est dans la ressemblance.
Au commencement, Dieu me ressemble ! C’est une annonce toujours nouvelle, incroyable, tellement incroyable qu’on la prendrait pour un rêve d’enfant qu’il faudrait abandonner à l’âge adulte. Pourtant la source de la dignité de chaque être humain est là, sans cesse à l’œuvre. L’égalité de dignité est dans l’acte de Dieu qui veut chacun, qui prend soin de chacun, qui aime chacun infiniment. Il n’y a plus de différences si efficaces qui nous opposent, différence d’âge, de beauté, de rythme, de santé et de statut social. Il n’y a plus cette course effrénée à l’avoir en tout genre, il y a la dignité de chaque être puisque vous et moi, chacun de par le monde, devient en germe la maison de Dieu.
Vous avez l’impression que vous ressemblez à une étable pas très propre, vous avez conscience que, chez vous, c’est un véritable capharnaüm. Dieu choisit de venir là puisque de toute façon dans les endroits bien propres il n’y a que le souci de vous faire reconnaître, il n’y a que le souci de vous-mêmes. Là, dans nos grottes aux animaux, on a abandonné tout souci de paraître, on est réduit à l’élémentaire, au strict minimum et notre dignité éclate comme un bijou sur du fumier.
Je suis digne de Dieu non à cause de mes mérites mais par amour, par décision de Dieu lui-même. Il ne me doit rien, je ne peux rien lui présenter qui soit à sa hauteur alors il vient au plus bas, il se fait le très bas pour me mettre à sa hauteur.
Voilà un commencement plein d’espérance : prendre au sérieux la dignité que Dieu me donne.
Frères et sœurs en Christ, descendez en vous-même en ce jour de fête, dépassez tout souci de vous, tous ces soucis où vous pensez que vous pourriez être le sauveur des autres, ouvrez votre grotte aux animaux, Dieu est là, sur la paille, et il vous dit à chacun : « Je t’aime absolument, je donne tout pour toi, crois moi, ne crois pas tes faiblesses, tes peurs, crois en ma présence, au plus secret, au plus vrai, au plus simple de toi, c’est là que tout commence . Reconnais-moi en tous ces commencements. Pour commencer, fais comme moi : aime et tu finiras en aimant. Je suis en toi pour aimer avec toi ici et maintenant ».

Au commencement, Dieu m’aime.
Au commencement, Dieu nous aime.
Joyeux Noël 

mercredi 19 décembre 2012

Un homme, une mère, un enfant ...


Comme c’est simple ! Il s’agit d’une simple naissance. Une jeune fille met au monde un petit garçon. Partout dans le monde, des centaines et des centaines d’enfants viennent au monde ainsi.
Désirées ou subis, accueillies ou rejetées, au chaud ou dans la froid, entourées d’affection ou abandonnées, en pleine santé ou malades, dans la sécurité d’une maternité ou dans un lieu caché comme une honte, vécues comme un avenir plein d’espérance ou portées comme un poids qui ajoute au malheur, que de naissances en cette heure même !
Voyez combien la naissance à Bethléem les comprend toutes : la joie et la crainte de cette jeune mère, l’attention et l’inquiétude de son mari dans ce lieu à l’écart des hommes. Ils ont été exclus de la compagnie des hommes pour n’avoir que celle du bœuf et de l’âne. Le berceau est en forme de mangeoire : « prenez et mangez » dira, plus tard, l’homme qui est né en ce lieu. Ombres et lumières dans cette grotte aux animaux, peuplée de toutes nos ombres, de toutes nos lumières, de toutes nos peines, de toutes nos espérances. Un homme, une mère, un enfant c’est le berceau de toute humanité., c’est le creuset de nos sociétés qui ont besoin de cette cellule élémentaire  faite de don réciproque et de tendresse pour commencer. C’est cette cellule de base  que nous devons fortifier, protéger. C’est sur de telles cellules de base que peuvent s’appuyer tous ceux et celles qui ont besoin de réciprocité et de reconnaissance. L’égalité de dignité dont tous nous avons besoin trouve ici sa maison.

Mais y manque-il le père ? Le fils de l’Homme n’aura de cesse d’être à son service ...

Un père, une mère un enfant pour le salut du monde !
Jean ROUET

 

vendredi 9 novembre 2012

De retour...


Il y a le désert imaginaire et il y a le désert réel.
Il y'a le désert plein de sable et de dunes à l'infini du regard, avec ses caravanes de dromadaires, ses oasis, ses mirages, sa chaleur torride... Il y a le désert que je viens de traverser avec une quinzaine d'amis et nos guides bédouins. Un lieu de roches et de sables, des couleurs proches du rouge, de l'orange, de l'ocre, des couleurs qui en donne à vos rêves. Des canyons de grès pourpre, des Wadis larges de perspectives lointaines... Le désert est ce lieu où le Dieu unique va à la rencontre de notre père Abraham et cette rencontre au plus intime de l'être met en route vers l'universel.  De campement en campement, de lieu en lieu, l'homme est invité à vivre sa vie comme un chemin et non une installation, comme une itinérance, une voie disaient les premiers disciples du Christ dans les Actes des apôtres. 
Le désert est ce lieu des quarante ans où Moïse fait passer son peuple de la terre d'esclavage à la terre de la liberté. Mais ce chemin est plein de traquenards : on râle de ne pas y arriver aussi vite que l'on voudrait, on préfère assurer du côté sous plutôt que du côté confiance. Plein de tentations nous assaillent pour nous réduire à leur merci, mais des paroles fraternelles viennent nous redire l'amour du Père. Le Christ ne se laisse pas soumettre par la tentation, il surgit du désert comme le Fils, le bien aimé. 
Le désert est le lieu de la séduction où Dieu veut nous parler au cœur dans la solitude, le silence, la marche. Jaillit en nous le désir d'être à lui pour toujours. C’est le lieu où les visages révèlent leur intensité et leur profondeur.
Merci de votre cadeau qui me permet de passer de l'imaginaire au réel de Dieu en moi.
Jean ROUET

samedi 27 octobre 2012

Un foi d'aveugle !


Un excellent évangile pour commencer l’année de la foi !
Il est très intéressant de comparer l'attitude de Jésus et celle de Bartimée dans cet évangile.
Bartimée est assis au bord de la route et fait ce qu'il devait faire tous les jours à savoir qu'il mendie.
Jésus lui est sur la route, il marche, va de l'avant et monte à Jérusalem.
Bartimée apprend le passage du Fils de David c'est à dire de l'envoyé de Dieu et il se met à crier pour attirer l'attention ; il espère que ses cris vont faire déplacer Jésus vers lui.
Jésus, de son côté, s'arrête mais ne change pas de chemin, rien ne peut le détourner de son chemin, mais il appelle à lui, il met cet homme en mouvement vers lui.
Deux éléments importants pour chacun de nous déjà dans ces deux manières de faire : Dieu s'arrête à l'appel de celui qui crie vers lui ; "Un pauvre a crié, Dieu entend" nous dit le psaume. Avons-nous suffisamment conscience de nos aveuglements pour crier avec force, avec vérité vers celui-là seul qui peut nous sauver, nous prendre en pitié, nous rendre la vue ?
Dieu fait venir à lui, il met l'homme en mouvement, il ne le laisse pas sur place, il exige de lui un déplacement. Et nous voyons Bartimée jeter son manteau, ce qui pèse sur ses épaules, pour bondir : il ne pense plus qu'il ne voit pas, il ne pense qu'à celui qui peut le sauver. Et il y a quelque chose d’étonnant dans cet aveugle qui bondit et qui court sans rien voir ! L'appel du Christ a toujours pour caractéristique de dynamiser celui qui répond ; pour le Christ l'homme est celui qui va de l’avant ; vivre pour lui c'est marcher, c'est avancer.
Dans cette histoire il y a un premier renversement : au début c'est l'aveugle qui est bloqué sur place et le Christ qui avance, très vite c'est le Christ qui est à l'arrêt et l'homme aveugle qui se met en mouvement. Dieu s'arrête pour que l'homme le rejoigne.

Ensuite le dialogue s'engage entre eux deux. Nouveau renversement de situation : le Christ demande à cet homme ce qu'il veut qu'il fasse pour lui. Au début l'aveugle demandait pour lui, maintenant c'est le Christ qui demande qui se rend totalement disponible : à notre propre prière, Dieu répond par la sienne, Dieu nous prie, Dieu nous demande. Extraordinaire humilité de Dieu qui se fait serviteur de l'homme. Nous qui avons souvent peur de demander à Dieu, nous qui nous jugeons indignes de recevoir parce qu'en fait nous sommes très orgueilleux, voilà qu'il nous est dit que c'est Dieu lui-même qui nous prie, Dieu se juge digne de demander à l'homme et nous nous ferions les difficiles ?
Qu'est ce qui se passe en fait dans nos prières de demandes ? Nous nous en remettons à Dieu et Dieu se rend disponible à l'homme. Dans nos prières de demande c'est un échange qui nous est proposé, une communication, une relation de réciprocité.
Dans la fin de cet épisode le Christ va mettre en lumière ce que l'aveugle  a apporté dans la relation qui s'est amorcée : "Ta foi t'a sauvé". En fait ce que le Christ guérit bien au-delà de la vue c’est la vision de cet homme sur lui-même, c'est la confiance que cet homme met en Dieu qui est en lui source de vie, source de mouvement, source de guérison de tout ce qui le bloque sur place. La manière du Christ de faire des miracles ce n'est pas de dire : "Vous avez vu, cet homme a les yeux guéri". S'il disait cela il nous inviterait à dire de lui : "Comme il est fort !" Rien de tel dans son attitude. Il importe de nous en souvenir chaque fois que nous entendons parler de miracles. Notre propension est grande à nous extasier devant les prodiges : "Oh il marche ! " Le Christ guéri le regard que l'homme porte sur lui-même, il met en évidence qu’en chacun de nous c’est la foi qui sauve. Il s’agit de faire confiance à la confiance. Bartimée a une foi que loue le Christ, une foi aveugle, une foi efficace puisque c'est elle qui le sauve. Nous serions tenté de dire que cette foi est très égoïste et même un peu superstitieuse. Bartimée cherche la guérison de ses yeux et c'est celle de son cœur qui lui est accordée et, pour que cela soit manifeste, le Christ guérit ses yeux. N'empêchons pas l'expression de la foi aussi infime qu'elle soit ; n'éteignons pas la mèche qui fume encore, soyons des promoteurs de la confiance quel qu'en soit le point de départ : là est le salut.
Le résultat il nous est dit avec la sobriété habituelle de Marc : "Aussitôt l'homme se mit à voir, et il suivait Jésus sur la route". Le résultat c'est l'homme et Dieu qui font route ensemble, c'est l'homme qui rejoint la route de Dieu.
Demandons ce minimum de foi, de confiance qui nous permet de nous mettre en route et de bondir !

mardi 23 octobre 2012

L'ambition retournée !

A travers les gestes et les paraboles significatives du règne de Dieu apparaît, je crois, ce que l'on pourrait appeler l'ambition de Jésus, sa vitalité, son projet de vie. Ce qui est manifeste c'est que tout son être de Fils se trouve tendu pour que la présence d'amour du Père exerce toute sa force en lui et autour de lui. Ce qui le meut, ce qui le dynamise, ce qui est son projet de vie est tout entier dans le travail pour le Royaume. L'ambition du Christ est toute entière prise par cette tâche. C'est pourquoi une des façons de nous laisser rejoindre par l'annonce du Royaume de Dieu c'est de nous interroger sur notre ambition, c'est à dire sur notre projet de vie. Qu'est-ce que je veux devenir ? Qu'est-ce que je cherche effectivement ?
La tentation ici est d'être divisé, divisé entre notre véritable identité et une identité rêvée, imaginée, qui fait que l'on ne voit pas le monde qui nous entoure. Les tentations de Jésus précédant justement la proclamation du Royaume vont tout à fait dans ce sens. Si tu es le Fils de Dieu fais que la réalité n'ait pas d'autre consistance que celle que tu lui donnes ; les pierres ne seront plus des pierres mais du pain pour toi; il n'y a plus ni haut ni bas mais un vol d'ailes d'anges et le miracle pour toi ; et l'ultime tentation : je suis moi-même ma propre origine et j'adore celui qui me le dit. La manière du Christ de résister à la tentation va consister jusqu'au bout à s'originer dans la volonté d'un autre "non pas ce que je veux mais ce que tu veux". Le Christ trace le chemin de la réconciliation avec son origine : la parole du Créateur.
Nous cherchons volontiers le travail, les relations, les lieux qui vont nous assurer enfin la réalisation de notre personnalité rêvée. Il s'agit ici de retourner notre ambition. Le Royaume n'est pas à l'extérieur de moi dans des conditions idéales d'existence, dans une perfection de caractère ou de personnalité durement acquises. C'est en nous qu'il faut marcher.
Le Royaume est à l'intérieur, il vient sourdre en moi comme cette dynamique qui va donner l'invention sans cesse risquée de réconcilier (et non de m'évader ou d'avance pour) ce qui est cassé en moi, en l'autre, ce qui est déchéance, ce qui est emprisonnement, ce qui est chance et réussite, il va me donner la capacité de saisir tout ce qui est promesse de vie et de moisson.
Il n'y a pas de réponse figée pour décrire le Royaume. Mon ambition ne peut avoir de contenu délimité, elle ne peut s'engloutir dans la profession, la position sociale, même une consécration religieuse, tout cela ne sont que des moyens.
Retourner l’ambition ce n’est pas avoir un projet de vie pour la réalisation de soi, mais un projet de vie qui soit participation à la réalisation du Royaume de Dieu.

Jean ROUET

dimanche 21 octobre 2012

Ouvrons, le débat !









Plusieurs paroissiens m'ont demandé de mettre sur la feuille paroissiale ou d'annoncer les manifestations, prévues sur Bordeaux ou ailleurs en France, contre le projet de loi sur le mariage pour tous !" Je n'ai pas accédé à leur demande et voici pourquoi.


La position de l'Eglise Catholique est claire et ce n'est pas un scoop ni une nouveauté : elle est délibérément contre ce projet de loi qui dénature la finalité propre du mariage et met dans la confusion la plus totale les enfants dans le rapport à leur origine, il y a pour eux  une nécessaire identification de leur père et de leur mère.  A cela, tout enfant à droit  ! Le mariage ne sacralise pas l'amour, le mariage ordonne l'amour à la construction de relations stables et reconnues par tous pour la transmission de la vie. Le mariage n'est pas d'abord un droit, il est un engagement. Nous ne sommes pas seulement un "état de droit" mais un état de droits et de devoirs.


Le texte "Elargir le mariage aux personnes de même sexe ? Ouvrons le débat !"    (note du Conseil Famille et Société) donne des éléments pour approfondir la réflexion.


Il s'agit de dépasser les invectives, les slogans les idées toutes faites. L’Eglise Catholique en France invite au débat le plus large possible et au respect de tous. Ensuite elle demande à chacun d'écrire à ceux et celles qu'il a élu député, maires, conseillers généraux, régionaux, etc... C'est eux qui ont la responsabilité de voter les lois de notre république ; c'est de notre devoir de citoyen de leur faire part de notre réflexion et de nos propositions. 

La dignité des débats dira la dignité de la cause !
Jean ROUET


mercredi 17 octobre 2012

Halte aux mauvaises langues !


          Il y a quelques années des 3° d’une aumônerie de collège avaient décidé de partir en guerre contre la médisance : il nous faut tous relancer cette cause  !
              C'est un véritable fléau qui nous atteint tous. Nous sommes plus enclins à propager le mal que le bien. Observons nos conversations, nos jugements, nos appréciations. Il faudrait décréter une campagne nationale !
Dans les meilleurs des cas nous nous prêtons au jeu de la dénonciation du mal ; si nous passions au moins autant de temps à promouvoir le bien ?!
Les journaux, qui connaissent nos goûts, font leur première page du malheur des gens rarement de leur bonheur. C'est vrai que le bien ne fait pas de bruit.
Notre Dieu est le Dieu des bénédictions, c'est à dire qu'il dit et fait le bien. Avec les collégiens je voudrais nous inviter tous à entrer dans la bénédiction de Dieu, à bannir de nos conversations, de nos regards, l'attention à ce qui va mal pour mettre tout notre dynamisme à dire et faire le bien même dans le malheur.
Nous sommes inconséquents : si nous parlons souvent du mal c'est que nous le regrettons, mais, au lieu de travailler en sens contraire, nous perdons nos forces et notre temps dans l'étalement des défauts, des mesquineries, des susceptibilités des uns et des autres tant sur le plan personnel que sur le plan collectif.
Oui, Halte au mauvais usage de notre langue !
La foi chrétienne commence et s'achève par la reconnaissance : reconnaissance de la vie et de l'amour de Dieu donnés à chaque instant ; reconnaissance que la haine est vaincue et que la mort n'a pas le dernier mot ; reconnaissance de tous les gestes simples et humbles qui peuplent nos journées et qui révèlent le Royaume de Dieu qui vient.
Ayons une prière reconnaissante. Ne commençons pas par nous accuser ou accuser notre voisin ; commençons par le commencement : "Et Dieu vit que cela était bon. "
C'est à la propagation de cette bonne nouvelle que nos langues doivent servir.


lundi 28 mai 2012

Faisons la fête

Dieu aime la fête, la jubilation, la joie. Marie aime jubiler, chanter, acclamer le Seigneur. La fête est au cœur du projet de Dieu. Les flammes qui se déposent sur la tête des apôtres, qui entourent Marie en prière, va mettre en leurs cœurs un dynamisme, un souffle à transporter les montagnes…

Dieu aime nos fêtes, il désire que nos assemblées respirent de sa présence, de son enthousiasme, de son amour de la vie et de tous les êtres vivants. L’Esprit, en nos vies, veut crier Abba - Père - et le bénir à la manière de Jésus. Dieu aime les fêtes qui donnent de l’envergure à tous ceux et celles qui y participent, c’est son souci de gloire, d’envergure comme j’aime traduire. Il n’y a rien d’avilissant, rien de factice, rien de trop, rien de mièvre non plus. Il y a un mélange de joie et de paix, une ouverture et un dynamisme qui donne à l’autre toute sa place.

Les fêtes que Dieu aime sont créatives, jubilatoires, elles font exploser la vie. Il y a de la profondeur, de l’intériorité et de la jubilation car elles montent de l’intérieur. Elles révèlent ce que le cœur entend, ce que à quoi le cœur consent et la danse est belle et le rire éclate sans assourdir.

Quelles fêtes aimons-nous ? Celles qui se terminent en beuveries mortelles de bord de Garonne ? Celles qui nécessitent de centaines de policiers pour éviter les excès ? Celles qui conduisent à violenter l’autre ? Nos fêtes sont trop souvent sans lendemain sinon de migraine. Elles sont trop le reflet de l’absence de sens de nos vies. L’angoisse y affleurent. Le miroir d’eau reflète trop les brumes de nos ennuis que l’on saoule le plus vite possible comme pour les noyer.

 Dieu a envie que nous fassions de belles fêtes ! Que l’Esprit fasse de nous des artisans de la fête de Dieu qui fait jubiler le cœur des hommes !

 Jean ROUET

mercredi 1 février 2012

Entre dans la joie !


« Entre dans la joie ! » Cette invitation du maître vient en nos cœurs comme la prière qu’il est juste et bon de prononcer en ce jour. Elle nous permet de vivre ce passage dans la mort au terme de cette belle vie fructueuse comme le passage de la mort à la vie puisque en ces jours se révèlent à nos yeux les bontés de Dieu dans l’existence de Pierre Grenié, dit Peio par les proches. Le père Grenié c’est le sens de la famille, c’est un regard, c’est un compagnonnage.
« Je remercie le Seigneur pour mon père et ma mère dont la tendresse est à l’origine de ma joie de tous les jours, pour ma sœur lumière de ma vie, pour les foyers de mes frères, pour l’amitié affectueuse de mes neveux et nièces. La famille a été pour moi le lieu de mon épanouissement ; ma famille au sens le plus plein car je pense à ces innombrables cousins dont certains ont été si proches… » Écrit-il dans son testament spirituel à Belloc le 27 aout 1976 à l‘issu d’une retraite spirituelle. Comment mieux dire cette dimension qui le rendait si famille, si familier à beaucoup ? Beaucoup croyaient qu’il était totalement basque mais il est né à Bordeaux et baptisé dans cette même basilique où, en ce jour, nous prions pour qu’il entre dans la plénitude du Christ. Educateur et professeur, il dut s’occuper de plusieurs séminaires et, à Saint Maurice comme à Saint Louis de Gonzague, c’est de cet esprit familial qu’il imprégna ses maisons. Les relations fidèles, de longues années après, disent l’empreinte laissée. C’est bien aussi de cet esprit qu’il nous régalait à la table de l’évêque, vendredi après vendredi jusqu’en 2010 avant celle de « Ma Maison ».
Oui, il s’est bien occupé de sa maison et des maisons qui lui ont été confiées : entre dans la joie de la maison du Père !
En comparant la photo de son visage alors qu’il avait environ trente-cinq ans et celle prise lors de son arrivé à « Ma maison », vous remarquerez que la seule chose qui n’a pas bougé c’est le regard. Nous y retrouvons le sourire, la malice, la bienveillance. Tout le reste de sa physionomie est marquée par l’histoire mais ces qualités premières restent bien présentes. Doué d’une prodigieuse mémoire et d’une observation intelligente et précise des événements, il pouvait être redoutable mais son humour et sa volonté de bienveillance adoucissaient ses traits. La manière dont il demande pardon dans son testament manifeste bien sa clairvoyance et sa bonté : « Je demande pardon à ceux que j’ai déçus ou qui ont eu l’impression d’être jugés... et, plus loin… je demande pardon pour ne pas avoir servi l’Eglise avec un cœur suffisamment désintéressé, trop préoccupé de ma réputation et parfois satisfait d’exercer un pourvoir. » Accueillons une fois encore ce regard si personnel à chacun et qui nous parle aujourd’hui du pardon de Dieu sur nos pauvres vies. Il accompli encore son ministère de prêtre, désiré à 11 ans au jour de la confirmation reçue des mains de Mgr Matthieu évêque de Dax. « L’ordination sacerdotale a comblé ma vie - écrit-il en 1976 - puisqu’elle m’a marqué pour le ministère qui depuis 30 ans est toute ma raison d’être. » Oui, il a donné et reçu le pardon, oui il a été le serviteur du regard miséricordieux de notre maître : entre dans la joie qui est au cœur de Dieu.
Dans la vie de Saint Paul le livre des Actes des Apôtres nous dit « qu’Épaphras lui était un compagnon bien-aimé. » Ce titre de compagnon est bien représentatif de ce que le P. Grenié a vécu avec Mgr Maziers et Mgr Eyt. Il emploie lui-même ce mot dans son testament écrivant : « Je remercie tous ceux qui m’ont aidé et qui ont été de vrais compagnons. » et cette mention, revient à deux reprises dans des termes similaires et dans la même page lui si soucieux de bien écrire, correcteur infatigable de l’Aquitaine. Dans notre mémoire, dans les actes majeurs de notre vie diocésaine, depuis les années 1970, il est associé à l’évêque. Il fut un compagnon amical avec le P. Maziers, il fut un compagnon fraternel et paternel avec le P. Eyt, le veillant, le soutenant jusqu’à la fin. Il était le seul à avoir acquis le diplôme de déchiffreur de l’écriture du P. Maziers. Sa discrétion absolue, ses longues veilles, son sens de l’à-propos lui ont permis ainsi de servir l’Eglise « que j’ai aimé de tout mon cœur », écrit-il. « Je rends grâce pour l’amitié confiante, fraternelle de mon évêque et de son auxiliaire. Ils m’ont associé au travail du conseil épiscopal et, depuis 3 ans, à leur prière quotidienne et à leur table… j’ai conscience de n’avoir pas mérité cette confiance et d’avoir très rarement servi à quelque chose. Je prie pour que l’Esprit du Seigneur leur permette d’accomplir le ministère de communion qui leur a été confié ; je prie aussi pour que les prêtres de Bordeaux prennent conscience de quel amour ils sont aimés ».Dans son ministère auprès de l’évêque, la célébration de la confirmation lui donnait la joie de la rencontre des jeunes, d’échanges personnel avec eux et certains évoquent encore ces rencontres. Compagnon de l’apôtre tel fut donc l’essentiel des charges qu’il a accomplies, mais cette qualité lui a donné beaucoup de compagnon et d’amis, les messages reçus, votre présence en disent l’envergure.
Oui, il a marché avec l’Eglise de son temps, il a donné sa vie pour elle : entre dans la joie de la de la Jérusalem d’en haut.
Finalement c’est sa dernière homélie et je le laisse finir de nous conduire à Dieu : « Tu m’appelleras Seigneur quand tu le voudras… Aujourd’hui, d’un cœur libéré, je te donne ma vie : pour mon évêque et son frère dans l’épiscopat, pour tous les prêtres et les séminaristes, pour l’Eglise qui est à Bordeaux, pour ma famille. » Amen