samedi 28 décembre 2013

Joyeux Noël d'espérance !

Quelle est votre espérance ?

Une espérance d’un soir au moins jusqu’au champagne ? Une espérance qui flirte avec l’optimisme qui cache tout ? Une espérance trop souvent déçues car la magie de Noël se fait vite rattrapée ?
Oui, quelle est votre espérance en vérité ?`Ce Noël c’est d’espérance dont j’ai envie de parler avec vous. C’est ce qui me semble le plus manquer en ce moment. 
La désespérance en effet me paraît s »’infiltrer dans bien de nos comportements individuels ou collectifs. Notre société est dépressive et nous avec.
Pour entendre le chant de l’espérance dans nos cœurs il nous faut d’abord arrêter le tintamarre intérieur.
Soyons fous, là maintenant, faisons silence quelques instants, écoutez les pas de Dieu en vous ! (…)

Il vient pour vous, il vient pour toi. il a pris chair par amour de toi. Si tu es rempli de toi-même, si tu es bouffi de suffisance, il n’aura aucune place. Sin tu es encombré de toi-même, il ne pourra pas te déranger.
Si tu as un intérieur qui n’est pas bien rangé, s’il y a même de la paille et quelques bêtes (tu fais bien l’âne par moment !), donc si tu as un intérieur qui ressemble à une crèche, alors, il est en toi maintenant. Laisse le advenir comme l’hôte de ta vie. il n’y a pas de meilleur pour l’espérance que de savoir qu’un autre marche avec nous.
Il n’y a pas plus fidèle que Dieu dans cette marche commune. Regarde donc qui est à tes côtés, qui se fait proche de toi.

                  Notre société semble aller à vau l’eau. Non seulement on a l’impression que personne ne sait où on va sur le plan économique comme sur le plan sociétal, mais c’est de sens tout court que l’on semble priver. Qu’est-ce qui motive vraiment les décisions politiques  et économiques, les orientations de nos choix de vie ? L’ego fait de l’enflure et la violence s’étale bien plus que la bonté. Regardez Dieu qui se fait fraternel pour l‘homme, pour toi, pour moi ! Dieu s’approche au plus prés de toi. Toute recherche de paix et de réconciliation qui ne reconnaît pas la dignité de l’autre est vouée à l’échec ! Il n’y a d’espérance en Syrie, en Centre-Afrique dans nos familles que dans une telle fraternité humaine ! Un instant en ton cœur accueille l’infinie fraternité de Dieu. (…)

                  Si Noël est un événement plein d’espérance, c’est que Dieu s’est engagé lui-même. C’est n’est plus Moïse ou Abraham, David ou Jérémie. C’est Dieu en personne qui a retroussé ses manches et qui, en son fils le bien-aimé, a décidé de sauver le genre humain. Notre espérance est réelle car le salut est déjà à l’œuvre en Jésus. Ce n’est pas de bonnes intentions, de grandes déclarations, c’est une histoire d’homme. C’est des gestes concrets, des paroles vives ou affectueuses. C’est une naissance et une mort d’homme qui engage Dieu. Et l’amour a vaincu toute désespérance. La victoire de l’amour nous devance, elle est au devant de nous et nous attire. Regardez l’enfant de la crèche ainsi maintenant ; (…)
 
                  Nos espérances sont souvent déçues car nous pensons que tout dépend  de nous. Ici tout dépend de  Dieu et de l’homme réunit dans le fils unique. Tout dépend de la solidarité et de la communion que je vis avec le Christ le Sauveur. Si je regarde vers le bas c’est toujours pareil, c’est le perpétuel recommencements des catastrophes et guerres, etc.… Il y a de quoi en effet désespérer de l’homme livré à lui-même et à nos capacités de destructions.

Si je regarde vers le haut, j’entends les anges chanter la paix des hommes de bonne volonté, des hommes dont la volonté s’associe à la volonté de paix de Dieu. De quoi suis-je donc solidaire, à qui suis-je associé ? Suis-je pour le malheureux et contre le malheur ? Le choix de Dieu est clair, sa solidarité ici à la crèche est évidente. Ma dignité de Fils est de faire le choix de Dieu et c’est maintenant en toi.

Jean ROUET

mercredi 9 octobre 2013

Encore et encore ....

Une première manche est en train d’être gagnée !
La prière, les réactions nombreuses de part le monde ont fait reculer les partisans de la violence contre la violence. En Syrie on démantèle les armes chimiques ;
Mais les autres continuent  à tuer de part et d’autres. Les communautés chrétiennes sont prises en otages et pour les secourir on en est toujours aux belles paroles… 
On s’entretue en Syrie  et l’ONU est ici impuissante. Les fanatiques de leur pouvoir et les fanatiques de leur religion entretiennent la haine.
Où sont les indignés par cette situation ? Il ne suffit pas de crier, il ne suffit pas de belles paroles, il faut donc continuer à prier, à tendre la main pour forcer au dialogue, dénoncer les fauteurs de guerre, mettre en lumière tous ceux qui tirent bénéfice des ventes d’armes aux uns et aux autres. Quels sont les hommes d’états courageux qui oseront autant pour la paix qu’ils ont voulu l’être dans la légitime défense ?
L’homme en blanc, désarmé, continue ses appels… les relayons-nous ? Les mettons nous en pratique ? Encore vendredi dernier à Assise : « Nous nous adressons à toi, François, et nous te demandons : apprends-nous à être des « instruments de paix », de la paix qui a sa source en Dieu, la paix que le Seigneur Jésus nous a apportée. »

 Jean ROUET

mercredi 28 août 2013

L'improbable paix !

Il y a de quoi désespérer de l'humanité.
En Egypte : le fanatisme ;
en Syrie : le meurtre des enfants ;
au Liban : le terrorisme ;
en Afghanistan : la guerre fratricide ;
au Pakistan : les bombes aveugles...
J'arrête mon chapelet des horreurs.

Quelle réplique ?
D'autres armes ?

Il faut sûrement empêcher que l'horreur continue.
Mais le glaive appelle le glaive.

La paix véritable ne peut venir que du dialogue, que de la justice, que du pardon.

Naïveté ?

Pourquoi pas ! Car tous les réalistes du monde avec leurs armes ne font qu'ajouter siècles après siècles à l'inhumanité de l'homme.


vendredi 7 juin 2013

"Il fut saisi de pitié pour elle".

"Il fut saisi de pitié pour elle".


              Cette rencontre entre Jésus et ce fils unique a quelque chose de tragique. C'est comme s'il voulait éviter à cette femme et à son fils ce que lui-même et sa mère allaient vivre. "Il fut saisi de pitié pour elle". Le cœur du Christ est bouleversé en voyant cette veuve perdre son dernier appui ; il va lui rendre son fils. Le jour de sa propre mort il aura à cœur de laisser un fils à sa propre mère :"Mère voici ton fils". Oui cette scène est bouleversante d'humanité et de compassion. Elle nous révèle trois choses capitales :
- dans le cœur de Dieu, il y a un amour inépuisable pour l'homme ; Dieu est pour la vie, Dieu est contre la mort. Il est le Vivant, lui-même souffre du mal de l’homme,
- pour Dieu l'homme est un être debout et qui parle,
- mais cet acte extraordinaire n'est qu'un signe, qu'une annonce d'une réalité plus merveilleuse ; ce miracle est annonciateur de notre résurrection où Jésus nous relèvera d'entre les morts parce qu'il a été lui-même relevé d'entre les morts par la puissance de son Père des cieux ; il nous rendra les uns les autres, il nous redonnera la parole dans le royaume des cieux. La résurrection est notre vocation!
           Une telle scène peut nous émouvoir et nous faire regretter que le Christ ne continue pas à refaire venir à la vie tous les fils de veuve qui meurent sur cette terre. Là est notre condition humaine ;  nous avons beau essayer par maints artifices de nous cacher la mort, elle fait partie de ce que nous sommes : des êtres dans le temps avec un commencement et une fin. Le Christ et son Père ont pour nous un projet de salut plus ambitieux : nous sommes appelés à la vie éternelle, à une vie qui ne finit pas après la vie qui finit. Notre ouverture à ce don extraordinaire de Dieu se joue dans notre combat pour que, dans cette vie qui finit, les hommes et les femmes vivent debout, les relations familiales soient rétablies, les êtres puissent avoir la parole et se parler. C'est dans ce travail, où notre cœur à l'image du Christ se laisse toucher par les détresses que s'inaugure la vie de ressuscité.
Encore faut-il que nous nous laissions saisir de pitié.
Jean ROUET

mardi 28 mai 2013

Notre Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit.


Notre Dieu est Père, Fils et Saint-Esprit. Ce qu’il est en lui-même se révèle à nous à travers ses œuvres. Croire au Dieu Trinité ce n’est pas se lancer dans de grandes théories. C’est prendre au sérieux ce que Jésus révèle de l’être de Dieu à travers ses gestes et ses paroles.
               L’histoire de la foi chrétienne en la Trinité est traversée par deux déviances. Faire de la Trinité une triade c'est-à-dire une croyance en trois dieux bien distincts ou de faire du Père, du Fils ou du Saint Esprit des modalités apparentes. La foi des disciples du Christ puisse dans ses paroles et dans son attitude, parole d’unité totale, attitude de dépendance radicale. 
               C’est dans sa manière de mourir que la révélation est la plus éclatante. Le centurion en témoigne. Sa prière crie son abandon à son Père. Sa vie, il l’a reçue du Père et il la redonne au Père. Il est fils de toujours à toujours, de part en  part. Même quand l’angoisse l’étreint il plonge dans la confiance.
               Le Père ne cesse jamais d’être Père c’est à dire source de vie, origine, jaillissement. Même la mort n’est pas un obstacle et dans la résurrection de Jésus son amour éclate et devient vainqueur de tous les malheurs. A aucun moment il arrête d’être ainsi pour devenir juge qui condamne, père fouettard, surveillant du moindre manquement.

               Il y a entre ce Père et ce fils une communion totale, une unité parfaite, un amour à leur hauteur commune. L’Esprit qui les unit les met de plein pied ; l’un parle du fils « en qui il a mis tout son amour », l’autre du Père dont « il fait tout ce qui lui plait ». Il n’y a aucune démonstration rationnelle, il s’agit ici de les croire sur parole.
               Croire au Dieu unique Père, Fils et Saint Esprit c’est regarder notre Dieu comme mystère de relations où chacun est lui-même sans confusion ni séparation. C’est un  Dieu communion qui veut créer de la communion, qui cherche la communion avec ses créatures.
               Dieu n’est pas solitaire, il est solidaire en lui-même. Il prend chair de notre chair et devient semblable en tout à chacun.
               Dieu n’est pas lointain, il est proche en lui-même. Sa proximité n’est pas de façade, elle est son être véritable. Il fait de nous sa demeure.
               Dieu n’est pas indifférent, il est totalement préoccupé de l’autre en lui-même. Il nous pardonne, il nous porte sur ses épaules, il fait de nous ses amis.
               Dieu n’a pas d’ennemis, des gens se considèrent eux-mêmes comme leur ennemis mais, lui, fait lever son soleil sur les justes come sur les injustes.
               Ainsi en est-il de nous créer à l’image et à la ressemblance de Dieu. Contempler en Jésus, le Père, le Fils et le Saint Esprit c’est découvrir notre être véritable : solidaire et non solitaire, proche et non lointain, préoccupé de l’autre et non indifférent, ami et non ennemis de quiconque.
               Au début du XX siècle, Elisabeth de la Trinité, au Carmel de Dijon, a su exprimer dans une très belle prière sa foi je vous propose d’en prier quelques passages maintenant.
               O mon Dieu, Trinité que j'adore, aidez-moi à m'oublier entièrement pour m'établir en vous, immobile et paisible comme si déjà mon âme était dans l'éternité. Que rien ne puisse troubler ma paix, ni me faire sortir de vous... Pacifiez mon âme, faites-en … votre demeure aimée et le lieu de votre repos. Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière, tout éveillée en ma foi, tout adorante, toute livrée à votre Action créatrice.
               O mon Christ aimé, crucifié par amour… je voudrais vous aimer... jusqu'à en mourir ! Mais je sens mon impuissance et je vous demande de me « revêtir de vous-même », d'identifier mon âme à tous les mouvements de votre âme, de me submerger, de m’envahir...
               O Verbe éternel, …, à travers toutes les nuits, tous les vides, toutes les impuissances, je veux vous fixer toujours et demeurer sous votre grande lumière…
               O Feu consumant, Esprit d'amour, « survenez en moi » afin qu'il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe : que je Lui sois une humanité de surcroît en laquelle Il renouvelle tout son Mystère. Et vous, ô Père, penchez-vous vers votre pauvre petite créature, « couvrez-la de votre ombre », ne voyez en elle que le « Bien-Aimé en lequel vous avez mis toutes vos complaisances ».
               O mes Trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, Immensité où je me perds, je me livre à vous ... Ensevelissez-vous en moi pour que je m'ensevelisse en vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs.
Jean ROUET

La prière apostolique ou la prière pour le salut des autres


Dans la prière pour le salut des autres, nous ne demandons pas à Dieu de faire notre volonté, mais nous lui demandons de nous donner la grâce de faire sa volonté d’amour sur nous ou sur les autres. En d’autres termes, nous ne cherchons pas à agir sur Dieu, mais nous nous ouvrons à l’action bienveillante de Dieu en notre faveur ou en faveur des autres, Dieu étant le premier à vouloir le salut de chacun de ses enfants.
Dans notre prière pour les autres, Dieu suscite en nous le désir de prier pour leur salut. Dieu veut que chacun  participe à la réalisation du salut des autres.
 La pratique de sainte Thérèse de Lisieux est éclairante sur ce point. L’exemple de la sainte carmélite nous montre qu’en vertu de la communion des saints, chaque mouvement de notre vie avec Dieu agit favorablement sur tous les autres.
En effet, comme nous faisons tous partie du Corps du Christ, il en résulte que grâce à la communion des saints, toute croissance de l’un d’entre nous retentit sur toute l’Eglise ainsi que sur le monde entier : toute âme qui s’élève, élève le monde !
 La prière du Christ (Jean XVII)  le soir du jeudi saint est toute entière une prière apostolique une prière pour les autres. Dans son vocabulaire Saint Jean emploie le mot de « gloire » et de « glorification » à plusieurs reprises en voici une interprétation possible.
 La gloire du Christ c’est le déploiement de l’envergure de son amour. “ Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. ”, dit-il. C’est à l’heure de la croix que se déploie au maximum l’étendue de son amour infini pour l’humanité...  Ça n’a rien à voir avec les images de gloire de chefs, de sportifs, de vedettes en tout genre... La gloire c’est l’envergure de son amour universel !
 Dans sa prière le Christ commence dans sa prière à demander pour lui cette capacité d’aimer tous ceux que le Père lui a donnés. Le souhait de Dieu et de son Christ c’est l’amour de réciprocité, la connaissance mutuelle. Si le Père met sur notre route des personnes c’est pour leur faire connaitre l’amour dont ils sont aimés. Ils sont regardés d’abord comme des « donnés » du Père. Il s’agit de les regarder dans ce qu’ils sont appelés à devenir pour le Père.
 Le monde dont parle Jésus ici n’est pas le monde des hommes mais une réalité de l’histoire qui s’est constituée loin de Dieu. Il prie pour tous ceux qui veulent bien entendre pour que leur premier témoignage soit leur unité. Au cœur du monde, appelés à être témoin de l’amour qui es Dieu, de l’unité qui est entre le Père, le Fils et le Saint Esprit, voilà le cœur de la prière de Jésus totalement finaliser pour que chacun trouve sa réalisation dans la rencontre personnelle de Dieu et qu’ils vivent dans une relation de communion avec les autres.
 La prière apostolique tourne tout mon être vers le désir de Dieu pour tous et donc pour moi : Le don total de soi à l’autre. Tel est l’être de Dieu, tel est la vocation divine de l’homme. 
Notre mission est d’y travailler par grâce.
Jean ROUET

mardi 30 avril 2013

Vous avez dit : “Gloire !”


Le dictionnaire Larousse repère plusieurs significations à ce mot  : “une renommée éclatante, un grand prestige dont jouit quelqu'un dans l'esprit d'un grand nombre de personnes ou bien  l'occasion d'une légitime fierté, d'un orgueil justifié, ce qui suscite l'admiration.

Aucune de ces significations ne semble convenir quand on parle de la Gloire de Dieu, de la gloire du Christ.
Le Christ à genoux, le Christ en croix, le Christ à la Cène autant de situations qui viennent en contre point d’une représentation grandiose et finalement paillette...  
Je préfère entendre envergure, révélation de l’envergure de quelqu’un, déploiement plénier de la personnalité, de l'être d’une personne. La gloire du Christ c’est le déploiement de l’envergure de son amour. “ Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. ”, dit-il dans le discours après la Cène. C’est à l’heure de la croix que se déploie au maximum l’étendue de son amour infini pour l’humanité... Franchement ça n’ rien à voir avec les images de gloire de chefs, de sportifs, de vedettes en tout genre...
Si vous rapprochez cela du commandement  qu’il nous donne, ça devient très clair : “Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. ... Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres.”  Nous aimer c’est chercher notre propre gloire et manifester celle de Dieu ! C’est manifester l'envergure de notre être profond, c’est déployer l’être profond de l'Église.
La gloire c’est l’envergure de l’amour ! Pour moi c’est lumineux et pour vous ?

Jean ROUET

mardi 2 avril 2013

La mort est morte !


C’est incroyable, c’est à ne pas y croire, c’est du délire ! Tels sont les premiers effets chez les témoins qui entendent dire qu’Il est Ressuscité.
Tout semble nous dire le contraire. Même le vide du tombeau  n’est pas probant pour Pierre. La mort étale sa victoire à nos regards désespérés.

Dans les rencontres riches de ces jours saints je pense à cette conversation le samedi avec un homme d’une quarantaine d’années issu d’une famille non chrétienne et qui réalisait, il y a quelques temps le vide de sa vie :  le foot, les filles, le whisky... il me disait combien la modernité était désespérante.

Comme elle est lumineuse la parole de l’ange : “pourquoi chercher le vivant parmi les morts?”.
Notre âme se rend malade à chercher la vie dans les lieux des morts. Nous n’arrêtons pas de visiter nos mémoires coupables, nous sommes obnibulés par nos échecs. La mort est morte! Elle ne produit pas de vie, il faut la laisser dans son tombeau. Ce qui sort du tombeau c’est le vivant c’est à dire celui dont tout l’être dit: “je t’aime”. Tout son corps, tout son être au monde, crie  :”je t’aime. Je n’ai rien pour moi, mon corps n’est pas pour moi, ma vie n’est pas pour moi, mon corps, ma vie c’est pour toi !

C’est l’amour qui a vaincu la mort ! C’est là que le vivant se manifeste. Il ne s’agit pas d’une morale, d’un comportement de bons ou mauvais chrétiens, il ne s’agit pas d’une idéologie ou d’une sagesse. Il s’agit d’une adhésion, d’une adhésion à quelqu’un, d’un choix que les baptisés de ce jour posent devant nous mais que chacun de nous est amené à faire et refaire ce soir.

C’est dans cette adhésion que nous éprouvons la joie d’être des sauvés. Les ennemis ont déjà perdu ; aucune inquiétude à avoir devant les assauts du mal. Nous sommes sauvés de l’esclavage le plus terrible celui qui est à la source de tous nos maux : l’attachement à nous-mêmes. Nous sommes délivrés du souci de nous-mêmes. Voilà la bonne nouvelle de la liberté du Christ, de la liberté en Christ. Car, attention, ne la cherchez pas au bout des vos efforts, même de carême, cherchez la en lui. C’est une vraie amitié, intérieure, douce et forte qui vous est offerte,  laissez vous aimer !

Notre Église qu’on annonce si souvent vide et en voie de décomposition avancée, voilà qu’elle trompe tous les diagnostics de ces analystes penchés sur son lit de mort. Elle engendre toujours des fils et des filles de Dieu. Elle dénoncent les faux semblants, les hypocrisies. Elle se donne un nouveau pape plus jeune que bien des jeunes, elles se moquent des modes, elle met le prisonnier, l’abandonné, le trahi, au coeur de sa prière et de son service. Elle sait que ses fêtes ne sont rien si elles ne l’engagent pas plus avant et concrètement.

Comme il est heureux d’entendre notre pape François : ”L’'Église doit sortir d’elle même, elle doit aller aux périphéries, les périphéries géographiques mais également existentielles : là où réside le mystère du péché, la douceur, l’injustice, l’ignorance, là où le religieux et la pensée sont méprisés, là où sont toutes les misères.

En route donc dans la suite du Ressuscité !

jeudi 14 mars 2013

François et le silence


Quel grand coup de vent !

Un nom nouveau et pourtant si connu, porteur des pauvres de la terre, peut-être aussi de la mission jusqu'au bout de la terre.
Un homme du nouveau continent déjà traversé par mille révolutions, mille pauvretés, mille expériences.
Un homme qui fait lui-même sa cuisine, qui pend le métro et qui, le lendemain de son élection, va payer sa note dans la résidence  qui l'hébergea avant le conclave.
Un homme qui a maintes fois dit au Seigneur la prière d'Ignace de Loyola : "Prends 
Seigneur et reçois toute ma liberté .... Je veux seulement t'aimer avec ta grâce, cela me suffit."

Sur la place Saint Pierre, hier soir, l'émotion est forte dés l'annonce de l'élection ; avant même de savoir de qui il s'agissait, la foule applaudit à grands cris et clame sa joie. Devant moi un jeune de 20 ans se signe et entre en prière.

Puis vint la rencontre simple, sans mosette, en italien, langue de son nouveau diocèse. A son invitation, 80 000 personnes entre en silence devant un pape incliné, un évêque qui veut marcher avec son peuple, un disciple du crucifié qui désire que son peuple avec lui chemine, édifie et proclame par toute sa vie Jésus le Christ....  

Quel trou d'air, quel souffle d'espérance ! 

Jean ROUET

Dans l'attente de la fumée blanche



Me voici en pleine conférence du P. Lombardi dans le Média Center installé dans l'espace de la salle des audiences construites par Paul VI. Nous sommes plus de 5600 journalistes accrédités ! 
C'est une belle expérience que de se retrouver au milieu de cet aréopage. Une magnifique entrée dans le renouveau de notre communication diocésaine ! 

Les analyses sont nombreuses et chacun parle du pape qu'il souhaite, celui qui lui correspondrait le mieux... "Sera t- il le bon ?", s'interrogent les plus inquiètes.

Je constate en moi de l'impatience bien sûr, mais aussi un sentiment de joie qui commence à prendre de la place. 
Quelle joie ? 
Une joie tranquille d'être au cœur d'un beau moment d'Eglise, une Église de toutes les couleurs, une Église de toutes les langues, une Église de tous les réseaux... Sans oublier l'Eglise des rumeurs, des carriéristes, des magouilleurs. Humaine si humaine notre Église ! Humaine par sa beauté, humaine par son péché ... J'en vois la preuve avec ces romains rencontrés ce matin qui, entre deux courses en ville, deux machines à laver, deux pauses au bureau sont venus place Saint Pierre pour voir la fumée qui doit leur annoncer l'élection de leur nouvel évêque. Et la place est pleine de parapluie qui bougent sans cesse...

Qui sera t-il cet homme qui aura dit oui ?
Une homme de carrière, un pasteur, un bureaucrate, un diplomate, un progressiste ou un conservateur ? Si j'en crois le travail de l'Esprit avec Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul II, Benoît XVI, je n'ai aucune inquiétude a priori. 

Je lui donne ma confiance comme en un homme que le Christ nous donne pour que nous soyons confirmés dans la même foi et pour vivre avec les plus lointains un lien fraternel...

Je renonce à ce qu'il soit de mon avis, je renonce à ce qu'il soit de ma couleur ou de ma langue, je renonce à toutes ces particularités qui feraient qu'il soit "mon pape" parce qu'il me ressemblerait. 

Je veux regarder avec lui le cœur du Christ et la multitude qui se reflète en Lui, c'est de ce cœur que jaillit l'amour du Père pour le monde. 

Je veux le regarder comme le premier parmi ses égaux, comme celui qui nous tiens unis au Christ. Je veux lui donner ma confiance a priori sur la foi au Christ qui lui confie ses brebis. 


Spiritualité éthérée ? Oui si elle est aveugle des choses de la terre, non si elle puisse dans la complexité de l'histoire la vision de Dieu qui aime l'homme.

Jean Rouet

mardi 29 janvier 2013

« Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin ».


                  Regardons le Seigneur Jésus traversant cette foule en furie, faisant ce passage au milieu des cris et la violence, figure d’une liberté totale qui ouvre un chemin, son chemin. On le sent intérieur, on le perçoit en son cœur. Rien ne peut le détourner de sa marche de prophète de Dieu. Ce chemin ne deviendra chemin de croix que lorsqu’il sera clair, aux yeux de tous. A ses yeux,  c’est le seul passage pour dire l’amour total de l’autre comme seule liberté.
                Le Christ se connaît comme il est connu de Dieu avant qu’il ne vienne au jour : il est l’aimé du Père. Au cœur de sa liberté intérieure, il y a cette certitude de foi à priori : je suis voulu par amour de Dieu lui-même de toute éternité et pour l’éternité, je suis désiré de Dieu, force plus forte que notre mort. Un tel désir étonne nos peurs et nos fragilités, une telle avance de Dieu sur nous, ouvre un étonnement, une joie humble qui nous met en chemin intérieur. Une telle certitude intérieure est une force qui lui fait affronter toutes les adversités.
                Afin de répondre à de telles avances, il nous faut donc chercher ce qu’il y a de meilleur, comme dit l’apôtre Paul, non pas la générosité, non pas la science, non pas la foi, mais la charité même de Dieu, celle qui est parfaite, celle qui nous paraît inaccessible tant elle supporte tout, elle croit tout, elle espère tout, une telle charité qui ne passe pas, un tel amour est l’être même de Dieu qui me connaît dans cet horizon-là. C’est pourquoi l’espérance ne peut être que celle exprimée par Paul « enfin je connaîtrais comme je suis connu ».
              Laissons le Christ nous ouvrir un chemin de liberté intérieure dont le point de départ est dans le désir que Dieu a de nous et le terme dans la pleine correspondance avec lui lorsque nous connaîtrons l’immensité même de sa charité, de son être.
                  En attendant que cette espérance nous apaise en la douce présence de Dieu.
Jean ROUET

mercredi 16 janvier 2013

Le malentendu de Cana !


             Dans cette histoire, nous entendons le contraire de ce qui nous voyons, nous entendons un refus et nous voyons une acceptation. Nous entendons une parole de remise à sa place et nous voyons quelqu’un qui donne des ordres : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Nous avons du mal à entendre la cohérence entre les paroles et les actes ; il y a un malentendu !
             Marie est de la noce, Marie participe à la joie de ces familles qui voient leurs enfants devenir famille à leur tour pour la croissance de l’humanité. « Ils n’ont plus de vin », son regard a perçu la faille ! Marie nomme ce qui manque pour que la noce soit pleinement réussie. Si Jésus n’intervient pas, ça tombe à l’eau. Et une noce qui tombe à l’eau nous savons tous les dégâts que cela fait.
Jésus est de cette noce qui peut rater. Étonnante complicité de la mère et du fils : là où nous entendons une réponse vive, une remontrance, nous sommes invités à entendre une compréhension entre la mère et le fils. « Femme que me veux-tu ? » ne veut pas dire « Laisse moi tranquille » ou « de quoi te mêles-tu ? » mais bien plus : « Femme, Ève  la mère des vivants, celle qui engendre le nouveau peuple qui fera la joie de son Dieu, que veux-tu que je fasse pour toi ? » On entend autre chose que ce qui est dit , on entend mal, on s’entend mal, maladie que doivent traverser tous les amoureux de la terre et du ciel : « Je ne te comprends plus » et on se rabroue et « ce n’est pas le moment ». Là où nous entendons : « Ce n’est pas le moment, mon heure n’est pas encore venue », nous sommes invités à entendre : « mon heure, c’est-à-dire l’heure où j’aurai les bras liés au bois de la croix pour donner ma vie, n’est pas encore venue, je peux donc agir, je peux donc entreprendre, je peux commencer à poser les signes de mon amour de l’humanité ». Et Marie comprend cela, et agit en conséquence, et le Christ s’exécute.
Pour bien entendre il faut donc se décentrer et avoir soin de la réussite de tous et pas que de soi ou de sa reconnaissance et de ses satisfactions. C’est la noce toute entière et pas seulement les mariés qu’il faut viser. Pour bien entendre, il faut donc se comprendre à partir de ce que Dieu fait de nous pour les autres. Ce n’est pas : « Qu’est-ce que tu m’apportes ou ne m’apportes plus », c’est davantage : « Qui es-tu pour Dieu, qui es-tu dans le dessein de Dieu, en quoi ensemble pouvons-nous le servir ? »
Dépassement de nos sentiments passagers, de nos rêves d’adolescents, de nos chimères, pour être là, accordés ensemble à ce que Dieu désire, à ce pour quoi il nous unit, ou nous a unis, et qui nous tourne vers le bien et l’amour de tous : les noces de Dieu et de l’humanité !
Jean ROUET