jeudi 1 avril 2010

Heureux d'être prêtre !


Le Christ, en ce jour où il institue le repas pascal comme manifestation au quotidien de sa présence au milieu de son peuple, "consacre ses apôtres dans la vérité".

C’est dans cet acte que l’Eglise depuis toujours a vu la naissance de ses ministres, évêques, prêtres et diacres.

Benoit XVI nous a invités tout au long de cette année à accueillir le don que Dieu fait aux hommes par le sacerdoce. Ces dernières semaines, des révélations nombreuses venant notamment de nos pays occidentaux, jettent l’opprobre sur l’ensemble des prêtres et veulent atteindre le Pape lui-même. Des caricatures, des éditoriaux, des déclarations de membres de l’église elle-même, en rajoutent à l’horreur des faits.

En ce soir de jeudi saint, dans la conscience de notre misère, je vous invite à contempler le don de Dieu.
Dès l’origine, le sacerdoce nouveau est fondé dans la Cène du Seigneur.
Dès l’origine, l’exemple c'est le Christ serviteur, au rang de l’esclave qui lave les pieds.
Dès l’origine, il y a la proclamation d’une Bonne Nouvelle : « Heureux serez-vous… ».


D'abord, entrons dans la compréhension profonde du lien entre le prêtre et l’Eucharistie.
L’Eucharistie est pour le Christ le signe efficace, le sacrement, du don total qu’il fait par amour du Père et des hommes.
L’Eucharistie, c’est le corps livré, le sang versé, c’est tout l’être du Christ en acte de don. Et ce don est pour tous, "pour vous et pour la multitude".
L’Eglise appelée à faire mémoire, c’est-à-dire, à poser dans l’actualité de chaque jour, la permanence de ce don, l’Eglise n’est pas un groupe d’anciens combattants, une amicale du souvenir. Elle est ce groupe d’hommes et de femmes, d’adultes et d’enfants qui reçoivent avec bonheur aujourd’hui, le "corps livré", le "sang versé" aujourd’hui puisqu’il a été versé une fois pour toutes les fois. Nous ne reconstituons pas la Cène, il nous faudrait alors des lits des coussins et parler araméen, nous célébrons ensemble la Pâque de Jésus, l’ami de l’homme, le Bien-Aimé du Père qui creuse en nos cœurs la faim de Dieu et le désir de frère. Cet acte du Christ nous est signifié en permanence et non de manière fonctionnelle par la personne du Prêtre. L’exigence pour lui, est la ressemblance avec son Seigneur, toujours en devenir. La signification pour vous est dans le fait que c’est bien le visage d’un des vôtres en chair et en os, en corps livré, qui est le visage du Christ Jésus pour la communauté rassemblée. La communauté ne se donne pas le prêtre, elle ne se donne pas le Christ, la communauté reçoit le don de Dieu, sans mérite de sa part. Et il nous faut travailler à lutter contre toutes les formes d’appropriation que nous pouvons faire du Christ et de ceux qui le signifient au cœur de son peuple.

C’est pourquoi, dès l’origine, le Christ qui institue l’Eucharistie et le ministère sacerdotal ensemble, le fait à genoux, c’est-à-dire dans le geste du serviteur. J’aime beaucoup en ce jour, laver symboliquement les pieds à douze d’entre vous, car c’est la place de Dieu et c’est donc ma place. Si le prêtre est l’homme de Dieu, c’est en ce lieu là. Etre là où Dieu est pour chaque homme, en tenue de service. Bien sûr, il ne s’agit pas d’avoir une vue romantique et opposer autorité et service. Il s’agit de dénoncer et de lutter contre toutes les manières de vivre qui s’exercent sous le mode de la puissance oppressive, du commandement abusif, du mépris de ceux que l’on considère comme subalternes. Un des plus beau titre du Pape c’est selon la tradition, « serviteur des serviteurs ». Le cléricalisme est à dénoncer partout où on le trouve, mais l’exigence intérieure et extérieure de chaque ministre de l’Eglise est dans l’attitude du Christ Jésus à genoux. Ne vous inquiétez pas, il ne s’agit pas que je devienne « béni oui-oui » de tous les paroissiens et que je sois à leurs ordres, d’ailleurs vous avez vu que le premier paroissien de Jésus n’a pas voulu se laisser faire, et il y a beaucoup de Pierre dans notre communauté. Mais il s'agit de servir auprès de vous, par la Parole et par les actes, la vie de Dieu qui vous soigne qui vous purifie. Priez donc pour vos prêtres, pour qu’ils soient les serviteurs de Dieu en vous. Là est leur sainteté véritable.

Dès l’origine, c’est un bonheur ! Dès l’origine c’est une grande joie d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu pour vous ! Dès l’origine, c’est un bonheur d’être appelé par le Christ pour son corps qui est l’Eglise. Dès l’origine c’est un bonheur d’être mis face à vous, le peuple de Dieu, pour signifier le don qui est fait à tous les hommes de la terre. Avant d’être une charge, avant d’être un travail ingrat et difficile, être prêtre est une joie donnée par Dieu pour les hommes et les femmes de ce temps, une vraie joie humaine qui bouleverse à certain moment, qui traverse de longs jours de quiétudes, qui doit affronter l’échec et sa propre misère, mais une joie qui traverse la vie tout entière jusqu'en nos corps.Ne gémissez pas sur les prêtres, ni pour les plaindre ni pour les accusés, n’en rajoutez pas à leur surcharge, ou à leurs défauts aussi évidents que les vôtres ! Croyez ce que vous dit le Christ ! « Heureux êtes vous si vous faites de même.» leur promet-il. Travaillez donc à leur ressemblance avec leur Seigneur et Maître.
Jean Rouet

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que l'Eglise de Gironde rende grâce pour ses Prêtres ! Un beau témoignage plein de vérité, de réalisme éclairé par la foi et l'espérance, de charité mise et à mettre en oeuvre ! Si le Seigneur Jésus a pris des risques en confiant à des hommes sa mission, c'est sûr que, en écoutant cette homélie il a "tressailli de joie"