samedi 26 décembre 2009

Tout cela est bien fragile : Dieu est sur la paille !


Tout cela est bien fragile : Dieu est sur la paille !
La planète est en feu et Dieu se retire dans un petit bourg de Judée. Les questions que les hommes ont a affronté dépassent l’entendement et les vagissements d’un bébé sont les premières contributions explicites de Dieu. Les nations s’assemblent de toute la terre, l’empereur recense son monde… mais Dieu est à l’écart de tout ce charivari même pas une sage femme pour aider l’accouchée, seulement quelques gardiens de troupeaux de brebis et de chèvres.
Devant la fragilité du monde, la fragilité de nos vies il est raisonnable de penser qu’il nous faudrait déployer beaucoup de moyens, une énorme puissance d’argent, d’imagination, de transformation. On se dit qu’il y faudra plusieurs générations pour changer les habitudes, pour trouver de nouveaux modèles de vie, pour éduquer à un autre rapport aux choses.
Depuis Abraham on n’en finit pas d’espérer. On imagine spontanément toute solution à nos difficultés, à nos problèmes, à nos questions sous forme de puissance. Il faut du plus à ceci, du plus à cela et c’est l’escalade des plus et des super puissances. Il serait temps que Dieu s’y mette et nous donne un coup de pouce. Il serait bon que lui aussi, le Tout puissant, il en rajoute à nos rêves.
La réponse de Dieu est dans la fragilité de l’enfant de la crèche. Dieu a horreur des généralités, des grandes déclarations tonitruantes, des mots passe-partout ; Dieu n’aime pas la langue de bois ; il préfère les histoires, il se mêle à notre histoire de façon précise. Il n’y a pas de solution globale. C’est ici et maintenant. C’est cet enfant et pas l’Enfance, c’est cette vie et non la Vitalité, c’est ce bout de terre et non l’Humanité. C’est toi, c’est moi, c’est lui, c’est chaque fois précis et déterminé. L’ambiance de Noël qui nous est distillée chaque année avant la fête nous met dans un bain d’abondance factice et de bons sentiments. C’est si vrai que le lendemain de la fête tout est épuisé comme si nos fêtes débouchaient sur le vide. Le déploiement de lumière laisse la nuit noire.
Jésus dans la crèche attire notre regard et il ne faut rien perdre des détails de la scène. C’est dans le détail de l’histoire que Dieu se donne à voir et à entendre. Oui ici tout est fragile comme dans nos vies. Tout est exposé aux dangers. Mais, avec Jésus, Dieu nous aime en acte. Les mots d’amour se font réalité. L’amour a un visage à aimer. Il en est toujours ainsi avec Jésus. Jusqu’au bout, sa fragilité nous donne à voir l’abandon de Dieu aux mains des hommes. Dieu prouve son amour en s’abandonnant à nous. Il a « la force des colombes ». C’est par ses blessures que passe la vie et la vie en abondance de présence.
En cette nuit de tendresse et de douceur, osons être vrais c'est-à-dire fragiles. Les cuirasses sont hors de mise. Les suffisances sont dans les palais. Les ordres et les repères sont dans les grands livres et les décrets. L’enfant Jésus nous requiert d’une toute autre façon. Il faut accepter d’être maladroit, sans parole, sensible au moindre mouvement de l’autre, exposé de jour et de nuit. Nos fragilités sont de tous ordres : santé, affection, blessures, aigreurs, limites en tous genres. Elles nous font souvent peur comme ses grandes peurs qui assaillent notre temps : la peur d’épidémies, de destruction de notre planète. Nos fragilités trop souvent les lieux de nos peurs sont, à Noël, les lieux de Dieu.
La vérité de notre rapport à nous même et avec les autres, c’est dans notre cœur que ça se passe d’abord ! Vous ne verrez cela que de l’intérieur. Vous ne pourrez cela qu’en recevant l‘enfant, cet enfant là d’abord.
Pour sauver le monde Dieu n’a pas trouvé mieux que de commencer réellement en cet enfant là. Avec qui allez-vous commencer ? Il en faut peu pour sauver le monde du dedans !

mercredi 23 décembre 2009

Dieu à voir !


La nuit et son manteau d'étoiles
recouvre les derniers pas
de ce couple en exode.

Un abri fragile, un peu de paille,
à l'écart des hommes, prés des bêtes

La marche obligée a trouvé son terme
pour la délivrance

En pleine incertitude
Joseph, l'homme à la foi songeuse, rassure

L'homme ne devient père
qu'au souffle de sa foi, fragile

Marie, la jeune fille au corps de mère
donne la vie au creux de l'impossible

Le premier mot de la Parole est un cri
à la vie dans ses vagissements

Sera-t-il étouffé ?
percera t-il la surdité des hommes ?

Il n'y a que le chant du ciel
aux oreilles des bergers

Ils viennent voir Dieu
dans la fragilité d'un nouveau-né

La puissance de l'amour
c'est blottie dans la main de l'enfant

La nuit est percée d'éternité ;
les coeurs de bonne volonté

Le chant vient du dedans
fragile comme la paix

L'enfant traverse tous les âges
par sa capacité d'avenir

Les mains des redoutables
ne pourront rien sur lui.

samedi 19 décembre 2009

La demeure de Dieu


L’autre jour, je rencontrais les élèves d’une classe de 6ème, dans un collège de notre quartier, pour leur expliquer ce que le temps de l’Avent signifie pour les chrétiens. Parmi toutes les questions qui m’ont été posées ce jour-là, il y en a une qui a retenu mon attention tout particulièrement. Griffonnée maladroitement sur un bout de papier, cette question avait quelque chose d’enfantin : «  Dieu a-t-il une maison ? ». Quelle belle question ! 

              J’ai essayé d’y répondre comme j’ai pu, avec toute ma foi. Ma foi qui m’amène à reconnaître l’amour sans mesure d’un Dieu qui « sort de chez lui » pour se faire homme au milieu des hommes. Ma foi qui me met sur les pas d’un Dieu Sans Domicile Fixe ; un Dieu qui entre chez ceux qui lui ouvrent leur porte. Un Dieu qui m’invite à le reconnaître en chacun de mes frères, à commencer par ceux que, spontanément, je considérais comme les moins dignes.

  De tout temps, les hommes ont voulu assigner à Dieu un domicile : le soleil, les astres, la mer, telle montagne ou le temple de Jérusalem. Ce temple est détruit et Jésus, par sa mort, sa résurrection et le don de son Esprit nous désigne la nouvelle et l’unique demeure de Dieu : le cœur de l’homme. 

Dieu a donc considéré que le cœur d’un homme est une demeure plus grande que l’immensité des astres ou la profondeur des galaxies. Dieu estime que le cœur d’un homme est, au fond, la seule maison qui soit à sa mesure ; c'est-à-dire sans mesure. «  Ma maison, c’est toi ».

  Aujourd’hui, l’Evangile nous invite à laisser résonner en nous la joie de Marie et d’Elisabeth, sa cousine, qui pressentent que quelque chose d’immense est en train de se produire. Dieu inaccessible se rend accessible ; Dieu intouchable vient se remettre entre nos mains ; le Très Haut se fait très bas. Il me semble juste, comme le fait le poète Jean Pierre LEMAIRE, de prêter à Marie enceinte cette parole émerveillée : « Dieu, si petit en moi ; hors de moi si grand ! »

 « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Heureux celui qui croit est laisse ainsi le Dieu Immense faire en lui sa demeure.

 P. Pierre Alain LEJEUNE

 

jeudi 17 décembre 2009

Vivre Noël Autrement

Nous nous lamentons souvent - et nous avons raison - de voir la fête de Noël vidée de sa substance par l’air du temps et la pression consumériste. J’avoue moi-même me sentir franchement saturé devant cette débauche de moyens, de vitrines, de cahutes en bois et pour le dire franchement, devant cette vaste opération commerciale dont l’objectif premier est de nous faire consommer le plus possible. Mais que reste t-il de la simplicité de Noël, de cet enfant déposé sur la paille, de ce Dieu simple et nu qui devrait être la vraie source de notre joie ?

Nous avons raison, il me semble, de regretter cette amnésie et cette dérive qui semble nous confisquer notre fête. Mais nous ne pouvons quand même nous contenter de nous lamenter. Il est temps de nous réapproprier Noël ; de libérer Noël de cette prise d’otage dont il est victime  afin de dire au monde la source de notre joie.

 Pour cela, je vous invite à prêter attention à une initiative lancée il y a plusieurs années déjà par un collectif d’associations et de mouvements chrétiens nous invitant à vivre « Noël autrement » ; vivre Noël dans une plus grande sobriété ; en refusant d’être les jouets d’une grande foire commerciale ; en changeant nos comportements et nos mentalités ; en refusant de céder trop vite à notre réflexe de consommateurs : la fameuse « fièvre acheteuse ». Et si nous essayions de consommer moins pour vivre mieux. 

Si nous voulons redonner son sens à la fête de la Nativité, c’est à nous d’abord, disciples de Jésus, qu’il appartient de résister à la pression sociale et de changer notre manière de vivre. Car l’annonce de Jésus-Christ passe aussi parfois par des choses aussi simples et concrètes. Ce serait une autre manière de vivre cette parole de l’Evangile : « Vous êtes dans le monde mais vous n’êtes pas du monde ». C’est aussi par notre capacité à rester « libres » des conditionnements sociaux que nous témoignerons de Celui qui est venu rendre à l’homme sa liberté. 

 P. Pierre Alain LEJEUNE

 

 

 

lundi 30 novembre 2009

En Avent tous et toutes !


Les livres apocalyptiques comportent quatre types de paroles qui se retrouvent dans l’évangile de ce jour :
Ce sont des paroles pour temps de détresse, elles décrivent des signes effrayants : "il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles... le fracas de la mer et de la tempête... les puissances des cieux seront ébranlées".
Ce sont des paroles de consolation, elles invitent les croyants à penser qu’après le déluge c’est le beau temps du salut : "Votre rédemption -votre libération - approche".
Ce sont des paroles qui révèlent la face cachée de l'histoire, elle annonce la venue du Fils de l'homme. Jésus reprend ici cette promesse par deux fois, et visiblement il s'attribue à lui-même ce titre de "Fils de l'homme", manière de dire qu'il prend la tête du peuple des croyants : "Alors on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée avec une grande puissance et une grande gloire." …
Enfin, dans l'attente de ce renouvellement promis par Dieu, ce sont des paroles qui nous invitent à adopter une attitude dynamique : "Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête."...
C’est un bon point d’appui pour faire résonner l’appel que Monseigneur Ricard a voulu pour notre diocèse, appel à être des chrétiens du cœur et non de la superficialité. Il s’agit de « tenir debout », de lever la tête ou de relever la tête. Il s’agit d’être heureux d'être chrétien, d’être catholique.
Le témoignage que nous avons à porté est à vivre dans des conditions de moins en moins évidentes, est une attitude délibérément fondée sur ce que Dieu nous donne : son amour au quotidien. Halte donc à la sinistrose, halte à l’indifférence et à l’exclusion, halte au défaitisme !
Voilà bien l’appel fondamental que Dieu nous adresse : « soyez mes témoins, les témoins de ma venue dans votre histoire, soyez les témoins qu’aujourd’hui à chaque seconde je vous tiens en ma main, je suis votre justice, je vous ajuste à moi avec tendresse et force, soyez les témoins que j’accomplirai la promesse de bonheur pour tous les peuples au jour de mon retour. »
En Avent tous et toutes !

Jean ROUET

vendredi 13 novembre 2009

Veillez donc à Dieu !


Nous pouvons être des esprits chagrins et nous affliger des malheurs du temps. Nous pouvons à juste raison nous inquiéter du cercle infernal de la violence et de la haine dans lequel l'humanité ne cesse de faire des progrès. Le mal, éteint pendant un temps, semble sans cesse rejaillir de ses cendres. Et les prophètes de malheurs ne manquent pas pour nous en avertir.
Quand verront-nous la fin des grands fléaux qui ravagent le monde : guerres, violences, maladies, famines ? La tentation est grande de baisser les bras et de nous replier sur notre quant-à-soi et notre individualisme. Faire ainsi c'est nous enfermer dans l'enfer du mal. Et nous avons à redouter de nous enfermer dans un tel enfer. L'Ecriture nous en avertit : une telle manière de voir est une courte-vue car Dieu vient et établira son règne de justice et de paix.
On n’arrête pas non plus de nous inviter à être vigilant. Il faut faire attention à tout et ne pas se faire avoir ! Le mal semble nous guetter de toute part . Mais nos crispations, nos peurs ne sont souvent que des manques de foi dans le travail de Dieu aujourd'hui.
Guettons plutôt les signes de poussées de vie. Si nous sommes tentés de dire qu'il y en a pas c'est que nous désespérons de Dieu. «  Que la comparaison du figuier nous instruise ! » Nous voilà constitués par le Christ comme des veilleurs ! Veilleurs de nouvelles pousses, veilleurs de la vie qui passe l’hiver du monde.
. « Jésus parlait à ses disciples de sa venue. » Le Christ l’affirme avec force : la fin de l’ humanité ne sera pas un temps de mort mais un temps de vie . Le salut de Dieu vient, il n'y a pas de doute. il s'agit de veiller dans l'espérance et être fidèle.
Que l’Esprit du Christ nous garde les yeux grands ouverts, aux aguets, pour annoncer la vie de Dieu en train de triompher.
La vocation des disciples du Christ, jusqu'à la fin des temps, est d'être les veilleurs de Dieu en ce monde et de prier en disant : « Viens Seigneur Jésus ! »

Jean ROUET

samedi 7 novembre 2009

Donner rend digne



Est-il possible de donner quand on n’a pas grand chose ?  On pense souvent que seuls ceux qui ont beaucoup pourraient donner ; qu’il faudrait avoir suffisamment pour soi-même avant de pouvoir être généreux. Et l’on s’enferme alors dans la vieille logique de l’assistanat toujours trop manichéenne pour être humanisante. Il y aurait d’un côté les riches et de l’autre les pauvres ; il y aurait d’un côté celui qui donne et de l’autre celui qui reçoit. Cette manière de voir a toujours tendance à conforter le premier dans son sentiment de domination et le second dans une position humiliante.

 Mais l’Evangile vient nous sauver en bousculant nos idées. Et Jésus fait l’éloge de cette pauvre veuve qui a su donner, elle-aussi. Elle n’a donné que deux piécettes, certes, mais elle a donné. Et le mendiant devient donateur ! Que les riches donnent, cela paraissait normal, dans l’ordre naturel des choses. En revanche qu’une pauvre veuve prenne sur la misère pour donner, voilà qui bouscule nos idées. La dignité de l’homme, c’est de pouvoir donner !

 Il ne suffit donc pas de donner ; il faut encore donner la possibilité à celui qui reçoit de donner à son tour. L’abbé Pierre aimait à répéter que la meilleure manière d’aider une personne en difficulté, c’était de lui apprendre à aider une autre personne.

Vendredi soir, avec les lycéens de l’aumônerie de Montaigne-Magendie, nous réfléchissions à cette difficile question. La crise financière a considérablement augmenté le nombre de situations de grande précarité en France ; et ceux que nous croisons dans nos rues ne sont que la partie visible d’un iceberg qui est immense. Comment donner quand on a peu ? Comment réagir face à la main tendue ? Comment ne pas s’enfermer dans l’indifférence ? Comment donner sans tomber dans l’assistanat ?

C’est exactement ce qu’essaie de faire le Secours Catholique depuis plus de 60 ans. Dimanche prochain, le Secours Catholique fera appel à notre générosité pour sa campagne annuelle. Je vous invite à soutenir cette grande œuvre de notre Eglise qui a compris depuis longtemps qu’il ne suffit pas de subvenir aux besoins de première nécessité de ceux qui sont dans la misère ; il faut leur rendre la dignité de pouvoir donner à leur tour. C’est l’esprit dans lequel travaille le Secours Catholique.

 Nous sommes ici au cœur de l’Evangile. Car Dieu ne  se contente pas d’aimer l’homme ; Il lui donne de pouvoir aimer à son tour. Dieu veut encore rendre l’homme acteur, participant du salut qu’Il lui offre. En Jésus Christ, Dieu nous a tout donné ; et nous pouvons, à notre tour, donner pour y retrouver notre dignité.

P. Pierre Alain LEJEUNE

http://www.secours-catholique.org

 

 

samedi 17 octobre 2009

Ne nous trompons pas de coupe !


Que cherchons-nous à obtenir du Seigneur ? Chez Jacques et Jean le désir est clairement exprimé : « Accorde-nous les premières places !»
Voilà deux disciples qui suivent le Christ depuis un certain temps. Ils l’ont vu accomplir à travers toute la Palestine des actes de bonté, de guérison ; ils l’ont entendu prononcer des paroles fortes. En Jésus ils voient les signes de l’accomplissement des promesses de Dieu. Ils en sont. Ils le suivent. Ils peuvent tout espérer de Lui aux vues de ce qu’il accomplit.

Comment, avec eux, ne pas rêver d’un avenir meilleur dans lequel il n’y aura plus de « gens tristes, malades et malheureux !» Comment ne pas mettre en parallèle ce qui peuple notre espérance collective d’un monde meilleur avec l’espérance de ces hommes ! Comment ne pas évoquer nos désirs d’une vie personnelle où nous siégerons dans la gloire parce que nos difficultés seraient derrière nous !

Ils ne sont pas si fous que cela Jacques et Jean. Ils sont réalistes par rapport à ce qui rendrait les hommes heureux. Le Christ dans sa réponse va indiquer trois points de réflexion pour les amener à aller plus loin dans leurs désirs .

1- « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » « pouvez-vous, plonger avec moi dans l’épaisseur du malheur des hommes ?  » « Pouvez-vous recevoir ce que je vais accomplir pour vous dans ma mort sur la croix ? » Car tel est bien le baptême dans lequel le Christ va être plongé. C’est dans l’extrême de la condition humaine, dans ce qu’elle recèle d’impasse que le Christ va mettre le salut de Dieu, opérer la libération, au cœur de la mort même. Le malheur sera éradiqué  en sa source. « Veux-tu être un combattant du malheur par l’amour ? »

2- la réussite est un don. Réussir sa vie n’est pas de l’ordre de la conquête, de la marche forcée. Réussir sa vie est du même ordre que venir à la vie, c’est de l’ordre du cadeau sur lequel nous n’avons pas de maîtrise. La place n’est pas au mérite ! La place de chacun est un appel, une offre et non un droit. La tâche de chacun est vocation.

3– Vous voulez savoir ce qu’il vous faut faire, ce que vous devez vivre pour entrer ainsi dans cette perspective ? Ne vous conformez pas aux habitudes malheureuses que les hommes ont entre eux. Ils cherchent la domination les uns sur les autres. Vous, prenez la dernière place, faites-vous serviteurs. « Imitez-moi », dit le Christ.

Quelle drôle de course où les premiers sont les derniers , où qui perd gagne , où la joie est dans la joie de l’autre !

Jean ROUET

lundi 12 octobre 2009

Cette Nouvelle n’est Bonne que partagée !


Nous entrons ce dimanche dans la semaine missionnaire mondiale. Par ailleurs, notre archevêque vient de publier sa lettre pastorale inaugurant le parcours missionnaire diocésain qui nous portera pour les 4 années à venir. Deux événements nous invitant à nous interroger sur la mission de notre Eglise diocésaine.

Le fait est que, pour beaucoup, « mission » n’évoque pas grand-chose, hormis un grand cru de chez nous qui, il est vrai, mérite d’être connu. Dans nos pays de vieille tradition chrétienne, la foi est trop souvent devenue une petite philosophie portative, une option personnelle que ne devrait pas quitter la sphère privée au risque de porter atteinte à la liberté des autres. « Tu peux croire ce que tu veux pourvu que ça ne dérange pas les autres ». Sommet de l’individualisme !

Le problème est que nous ne pouvons quand même pas déchirer les pages de l’Evangile qui nous gêneraient ou nous boucher les oreilles lorsque Jésus envoie ses disciples en mission : « Allez, de toutes les nations faites des disciples ! » « Proclamez que le Royaume de Dieu est tout proche »…

Il faut même reconnaître que toute la raison d’être de l’Eglise est dans cette « mission ». L’Eglise n’est pas à son compte ni à son propre service. L’Eglise n’a de raison d’être que dans l’annonce de la Bonne Nouvelle du Christ. Elle n’est pas pour elle-même, elle est pour le monde : afin de lui transmettre la vie même de Dieu. La mission de l’Eglise n’est que le prolongement de la mission trinitaire de Dieu : le Fils est sorti du Père et nous donne son Esprit. Cet Esprit nous pousse vers tout homme ! De la même manière, la foi qui me fait vivre, je ne peux pas la garder pour moi-même. Si je ne la partage pas, elle meurt. Pourquoi ? Mais tout simplement parce que cette Nouvelle n’est Bonne que si elle est partagée.

Cela me rappelle la toute dernière parole d’un film sorti sur les écrans il y a deux ans et qui relate une histoire vraie : « Into the wild ». La recherche du bonheur par le héros de l’histoire se transforme en quête de lui-même si bien qu’il en vient à se couper peu à peu de tous ses liens humains. Seul au monde. Est-il possible de vivre par soi-même, sans liens ? Le héros du film comprend, mais trop tard, que la nature du bonheur est d’être partagé. « Happiness only real when shared ». Le Bonheur n’est vrai que s’il est partagé. Le Bonheur, c’est comme un bon repas ou une bonne bouteille de Bordeaux. Ce n’est vrai que partagé !

Je crois qu’il en est de même pour la foi au Christ. Si notre foi semble parfois si fragile, ne serait-ce pas parce que nous ne la partageons pas assez ? Une Eglise qui ne serait plus missionnaire, une Eglise qui ne chercherait plus à partager sa joie de croire et de vivre en Christ ; une Eglise qui ne serait préoccupée que par des questions d’organisation interne et non plus par le monde, cette Eglise aurait perdu quelque chose du dynamisme même de l’Evangile. Le temps est venu de nous interroger sur cet appel du Christ à proclamer la Bonne Nouvelle et sur notre manière de la porter à notre monde, ici en Gironde.

P. Pierre Alain LEJEUNE

mercredi 7 octobre 2009

Quelle place à nos enfants ?


Meurtres, sévices, enlèvements, disparitions .... Les enfants et les jeunes sont trop souvent en danger dans notre société !

Quand on retrouve un nourrisson dans une décharge publique, quand des petites filles de six ans sont violées et massacrées, quand d'autres sont battues à mort par leurs parents, nous devons nous interroger : une société qui secrète de tels malheurs est mise en question.

C'est notre cœur qui est malade : la banalisation de l'avortement accélérée par les dernières découvertes médicales, la mentalité qui veut que l'enfant ne sera accueilli que lorsque on aura tout le reste comme s'il était un objet de luxe, le désir que nous avons qu'ils réussissent selon nos propres critères sans tenir suffisamment compte de leurs aptitudes ou de leur propre désir ; les difficultés énormes que les ainés ont à trouver du travail.

Nous les gavons de jouets en tout genre, nous les réduisons à promouvoir des produits de consommation courante jusqu'au papier hygiénique pour nous faire payer. Mais c’est eux qui payent le prix fort !

Et si nous élargissons notre regard au delà des frontières, c'est les enfants de tant de villes qui vivent de la prostitution, qui travaillent dans des conditions inhumaines dès la petite enfance, qui meurent de faim.

Notre cœur est appelé à la conversion pour que dans chaque famille le désir et l'accueil de l' enfant se vivent dans la gratuité, pour que tous les éducateurs servent en chaque enfant le développement de ses propres dons, pour que l' entrée dans le monde du travail leur donne du goût d'entreprendre et de se sentir utile aux autres.

Nous ne donnerons à nos enfants le goût de la vie et le sens de Dieu que si nous les respectons dès le premier instant de leur conception comme des personnes humaines à part entière, que si nous-mêmes nous nous respectons ainsi..

Le Christ qui accueille les enfants avec tendresse, nous les présente comme nos modèles pour entrer dans le Royaume de l' Amour.

Que la force de l' Esprit inspire nos comportements quotidiens afin que nos enfants aient une vraie place parmi nous, non celle de l' enfant roi gavé de tout, mais celle de l' enfant icône de notre Dieu .

Jean ROUET

samedi 11 avril 2009

« Qui nous roulera la pierre ? »


Les femmes se rendent au tombeau pour achever l’ouvrage. Le Sabbat n’avait pas permis de terminer les derniers soins pour embaumer le cadavre. Elles vont poser les derniers gestes d’affection pour celui à qui elles doivent tant ! Il a été mis au tombeau, la pierre a scellé l’aventure de ce Galiléen perturbateur. Vous rendez-vous compte : il se vivait tellement unis à Dieu qu’il en devenait fraternel avec tous les pécheurs ; il affirmait que Dieu était totalement en son cœur et il prétendait que cela nous était accessible, nous pourrions vivre en sa présence tous le jours de la vie ! C’est intolérable, c’est blasphématoire ! Dieu est si préoccupé de sa gloire ! Dieu a tellement de choses à faire, de loi à promulguer , de décret à signer ! ça se saurait depuis longtemps s’il s’intéressait à tous les hommes ! Il n’y aurait pas tant de malheurs si Dieu avait enfin pitié de nous ! Non il juge les méchants et récompense les bons.

Il était fou ce Nazoréen de penser que moi j’avais une réelle importance pour Dieu ! Il avait même posé des signes qui pouvaient le laisser croire ; on raconte encore l’histoire de cet ami, Lazare de Béthanie, qu’il aurait fait revenir à la vie !

C’en était trop, il fallait mettre fin à cette supercherie : le temple et le palais n’auraient bientôt pu maîtriser les événements.

Il emporte avec lui, au fond de son sépulcre, tous nos rêves de reconnaissance et d’affections réussies ; il scelle dans sa mort toutes nos espérances d’un vrai bonheur à notre portée, d’une vie pour les pauvres de cœur, les affamés de justice, ceux qui pleurent, les doux , les pacifiques enfin vous connaissez « la liste des préférés  de Jésus » !

« Nous avons été mis au tombeau avec lui » dit l’apôtre Paul. C’est bien nous qu’il emporte ainsi et l’ordre du monde retrouve son équilibre entre peurs et abondance. Toutes nos excuses ordinaires pour être jaloux, distants, hypocrites, menteurs, adultères, jouisseurs restent de mise. On a roulé la pierre ; rien ne bouge .

Voilà qu’au petit matin les choses ne sont plus dans l’ordre : la pierre a été roulée et on ne sait par qui. Les pires hypothèses naîtront à partir de là. La peur envahit le cœur des femmes : que va-t-il encore se passer ; il ne suffit donc pas de l’avoir tué, il faut qu’ils s’en prennent en plus au cadavre !

« N’ayez pas peur » dit l’homme en blanc et son cri parvient jusqu’au fond de nos entrailles !

« N’ayez pas peur » de vous, de vos échecs, le Christ les a tous aimés d’avance.

« N’ayez pas peur »  de Dieu, il est à la porte et il frappe pour prendre le repas avec vous et être votre ami.

« N’ayez pas peur »  des autres, ils ont autant que vous ce désir d’aimer et d’être aimer.

« N’ayez pas peur »  du monde, il a au centre de son histoire la force de la résurrection !

Croyez que Dieu se manifeste à vous : au plus intime, cette joie, cette paix, ce dynamisme, cette force c’est lui qui vous rencontre et vous aime au jour le jour ;

Croyez que vous êtes entendus quand vous criez vers lui, il vous précède dans vos attentes, il est votre compagnon depuis les débuts en Galilée.

Croyez que vous avez raison d’espérer un salut pour tous les hommes, sa paix sera plus forte que nos guerres.

Croyez et vous vivrez ! « Pensez que vous êtes morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ ! »

jeudi 9 avril 2009

"Et par amour du Père, il eut sa mort humaine !"


C'est ainsi que Charles Péguy commente la mort de Jésus après avoir longuement contemplé son chemin de passion.

Sur les routes du monde, dans les hôpitaux de nos villes, la mort des hommes, des femmes, des enfants poursuit son œuvre dévastatrice ! Des hommes, des femmes en rajoutent, même des enfants dans certains régions de notre monde sont requis, éduqués pour en rajouter à la mort comme si elle n'était pas assez puissante par elle même pour mener le bal.

Que nous révèle la mort humaine de Jésus sur notre propre mort ? Elle est bien une condamnation quelle que soit sa forme ! Condamnés à mort tel est notre destin inéluctable. Par  vieillesse, par maladie, par violence nous en sommes sûrs ! Et nos révoltes dans la maladie, contre toutes violences, dans l'angoisse de nos vieux jours sont fortes de cette certitude. Les Evangiles synoptiques évoquent avec délicatesse mais avec soin cette part toute humaine de la mort de Jésus : son angoisse et sa sueur de sang au jardin des Oliviers, son cri et sa question au Père comme s'il était abandonné de lui, seul livré à la mort et aux bourreaux ! Voilà pourquoi sur le visage de Jésus de Nazareth se réfléchit chaque homme dans sa mort et aujourd'hui encore en suivant le crucifié, l'abandonné, nous voyons toute l'humanité. "Voici l'homme !" dit Pilate ; "Voici les multitudes !" nous invite à dire le prophète Isaïe.

Que nous révèle la manière humaine de Jésus de vivre sa mort  sur lui-même ? L'apôtre saint Jean nous propose à chaque station, à chaque pas, une capacité sans cesse renouvelée de vivre cet instant dans la plénitude de la liberté et de l'amour. Dés l'arrestation il dit "c'est moi" reprenant pour s'affirmer les mots que la Bible met dans la bouche de Dieu lorsque qu'il se révèle à Moïse dans le désert : "Je suis". C'est lui qui conduit les événements : il arrête la violence de Pierre, il mène l'interrogatoire chez Pilate, il donne à Marie un nouveau fils et concluant ce chemin il déclare : "Tout est accompli". Un homme dans sa mort libre, totalement libre. Une liberté telle que "le centurion, voyant comment il était mort, déclara : vraiment cet homme était le fils de Dieu".

Aujourd'hui, dans le sacrement de l'Eglise, jaillit sa vie, l'eau et le sang, l'Esprit qu'il remet comme un héritage. Aujourd'hui nous sommes ses héritiers, aujourd'hui nous recevons de sa mort une liberté libérée, une capacité de don rachetée, une paix qui adoucit nos violences. Aujourd'hui héritiers pour être messagers :"Celui qui a vu rend témoignage afin que vous croyez vous aussi."

Il passe, "en sachant", de ce monde à son Père !


C'est l'heure ! Jésus  le sait. Tout lui est remis ! Il le sait.  Il vient et il va au Père ! Il le sait.

Le savoir de Jésus est une prise de conscience de la plénitude du moment présent. Savoir pour Jésus c'est passer au Père !

Il sait. Il n'y a plus pour lui aucun doute : le procès est déjà terminé avant d'avoir commencé ; la sentence est rendue dans les cœurs et les esprits de tous , il ne reste plus qu'à voir comment elle va pouvoir être exécutée. C'est l'heure du passage. Il faut y aller ! C'est maintenant ! Les blés sont mûrs pour la moisson ! Tout est en place ; tous les acteurs sont prêts : les disciples avec leurs illusions sur eux-mêmes et leurs ambitions pour eux-mêmes, les chefs des prêtres et les scribes avec leur soif de récupérer l'influence perdue, les romains soucieux de leur pouvoir, se lavant les mains de tout ce qui se passe, le démon au cœur de l'ami qui va le livrer. C’est le moment, c’est l’heure ! C’est l’heure du Père et c’est l’heure du monde ! C'est l'heure du Père comme si l'heure du Père était l'envers de l'heure du monde ! L'heure du monde c’est la manifestation de la lâcheté des compagnons, des intimes ; l'heure du Père c’est le Fils qui se met à genoux pour servir ceux-là mêmes qui le trahissent en courant.

C'est l'heure du monde puisqu'il n'y a plus qu'un corps livré, qu'un sang versé, qu'un être réduit à la figure de l'esclave, qu'un agneau que l'on mène à l'abattoir, qu'un être défiguré par la haine ordinaire ; c'est l'heure du Père puisqu'il aime jusqu'au bout, jusqu'à l'extrême, jusqu'à toute extrémité. C'est l'heure où le maître et Seigneur lave les pieds des serviteurs, c'est l'heure où le Père quand il agit dans le monde est l'esclave de tous.

Passer du monde au Père pour Jésus c'est savoir ces enjeux, c'est analyser la situation avec toutes ses composantes personnelles et collectives, c'est être conscient de tout ce que le Père lui a donné, lui a remis, lui a confié. Passer du monde au Père pour Jésus c'est se mettre au plus bas du monde, au plus bas de l'échelle. Passer du monde au Père pour Jésus c'est savoir d'où il vient et où il va, pleinement à lui-même et au moment présent et, par le fait même, pleinement au Père et au monde qu'il sauve ! Réellement présent ! Présence réelle telle est l'heure de Jésus, telle est l'heure de son passage au Père, telle est l'eucharistie : présence réelle en notre temps de l'Amour de Jésus !

Chaque eucharistie nous offre cette heure du passage ; chaque eucharistie nous invite à prendre la mesure de notre temps, de chacun de nos instants. A chaque instant, c'est l'heure de passer au Père si j'accueille la réalité toute entière sans faux-fuyant, sans esquive, sans excuse. A chaque instant, c'est l'heure d'éprouver la paternité de Dieu en me recevant créé par lui et pour lui, une de ses créatures, un parmi les autres, appelé à lui appartenir. A chaque instant, c'est l'heure de mettre en œuvre tous les dons, toutes les capacités, toutes les qualités reçus du Père en servant le vrai bien de chacun de mes frères et de mes sœurs. A chaque instant réellement présent, telle est la vie que l'eucharistie veut nourrir en moi depuis la première Cène. C’est le contraire de la distraction, du dilettantisme, de la superficialité, du survol, de la légèreté. C’est l’instant où j’accorde du poids à celui qui est là, à ce qui se passe, tout entier à l’instant présent  puisque mon éternité  se joue en ce moment !

Au soir où nous rappelons cette heure de Jésus, ce passage de Jésus, recueillons en nos mains, en nos cœurs, en nos esprits ce que nous sommes, les lieux où nous vivons, les personnes avec qui nous œuvrons ; réalisons nos solidarités avec tous les souffrants du monde, tous les lâches du monde, tous les ambitieux du monde ; apportons tous les peuples dans la guerre et l'exil, tous les efforts de paix. Sachant tout cela, sachant ainsi tout ce que le pain et le vin de cette eucharistie portent, contiennent, signifient, entrons dans le désir du Christ d'aimer, d'aimer jusqu'au bout, d'aimer travailler au salut de toute l'humanité. Entrons dans la mémoire de Lui, nous proclamons sa mort jusqu'à ce qu'il vienne, nous célébrons son passage vers le Père jusqu'à ce que toute l'humanité achève en Lui ce passage ! Alors de nos cœurs, de nos esprits, dans notre bouche pourra jaillir la prière qui nous fait passer de ce monde à son Père : "Abba, Père".

Oui, maintenant pour chacun et chacune d'entre nous c'est l'heure du passage au Père en notre cœur, en notre esprit, en notre corps !

jeudi 22 janvier 2009

Votre corps est le temple de l'Esprit Saint !


"Votre corps est le temple de l'Esprit Saint… Rendez gloire à Dieu dans votre corps".

Ces paroles de l'apôtre Paul s'adressent à des gens qui avaient une très mauvaise réputation. Dans l'antiquité, se faire traiter de Corinthiens était une véritable injure et la dénonciation d'une vie dissolue. Paul aura de nombreuses controverses avec cette communauté qu'il a fondée, dans laquelle il devra revenir plusieurs fois  pour apaiser les conflits de personnes. Pendant plusieurs semaines nous allons écouter les paroles d'un apôtre à une communauté, et nous pouvons en faire largement notre profit.

Aujourd'hui Paul proclame une bonne nouvelle sur le corps et invite à mettre nos corps au service de la gloire de Dieu.

Comment entendre cela ? Le terme résonne à nos oreilles de manière bien différente que du temps de Paul. Au temps de Paul, le corps est plus qu'un ensemble de chair et d'os, pour lui et ses contemporains, le corps c'est notre capacité de relation, le corps n'est pas un objet dont je pourrais faire ce que je veux. Le corps pour Saint Paul, ce n'est pas cet objet que je peux disséquer, démembrer, inter-changer, greffer. Le corps c'est nous en relation, c'est nous en train de nous exprimer, c'est nous qui parlons, qui sourions, qui pleurons, qui aimons, c'est nous dans l'expression de notre être.

Toucher au corps, c'est toucher à la personne, le soignant l'expérimente, l'amoureux aussi. Comme l'indique une expression que nous employons parfois, notre vie prend corps, elle prend corps à travers nos relations, notre métier, nos réalisations, nos affections et nos visages parlent de joie ou de fatigue, de tension ou de détente, de désir ou de fermeture.

Notre mentalité présente des résistances à une telle vision des choses.

"Frères, dit l'apôtre, notre corps n'est pas fait pour l'impureté, il est pour le Seigneur Jésus et le Seigneur est pour le corps".

Je ne peux donc faire ce que je veux ni de mon corps et encore moins du corps de l'autre.

"Vous ne vous appartenez plus à vous mêmes". Poursuit l'apôtre. Le Christ a livré son corps pour la multitude et en chaque eucharistie, nous communions à ce corps livré pour nous, nous communions donc à l'être tout entier du Christ dans sa relation d'amour avec chacun et avec tous.

A l'Eucharistie le prêtre nous présente du pain et nous sommes invités à voir le corps du Christ. Par ce pain nous sommes mis en présence réellement, corporellement avec Celui qui se livre par amour.

Nous devenons ainsi les membres de son corps, habités par la présence de l'Amour en personne.

C'est pourquoi vivre ainsi à la suite de Jésus, aimer ainsi jusque dans notre corps commande le respect et nous introduit dans la sphère véritable du sacré "Votre corps est le temple de l'Esprit Saint". Notre corps est le langage de notre don, notre corps est la manifestation de notre ouverture au don. C'est pourquoi aimer avec son corps, dans son corps n'est pas une expérience, c'est un don de soi qui engage la pleine reconnaissance de l'autre.

Cette parole de l'apôtre Paul sur le corps nous invite donc à faire droit à ce que nous expérimentons de plus beau dans nos relations, de plus sacré dans nos affections pour sortir de nos médiocrités ou de la tentation de nous utiliser pour nous-mêmes, pour dénoncer aussi tout ce qui réduit le corps de l'autre à un objet utilisable par moi. "Rendez gloire à Dieu dans votre corps".